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Message : Re: Microtypographie de la phonétique

(Olivier RANDIER) - Samedi 11 Novembre 2000
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Subject:    Re: Microtypographie de la phonétique
Date:    Sat, 11 Nov 2000 00:34:01 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>» La question la plus importante concerne les signes culbutés : doit-on
>» considérer que ces signes sont simplement des rotations à 180° de signes
>» existants (c'est la norme actuelle, sans doute héritée du plomb) ou est-il
>» envisageable de construire ces signes comme l'image typographique de
>» lettres inversées ?
>
>Du point de vue typo, la culbute est obligatoire : une réflexion
>modifierait l'axe et la distribution des graisses.

Tu m'as mal compris : je n'opposais pas la culbute et la réflexion, mais la
culbute et la représentation typographique de signes culbutés manuscrits.
Pour ce qui est de l'axe, le Moretus a un axe droit, alors... Et remarque
qu'il y a aussi quelques signes réfléchis en API.

>Maintenant, pour ce qui est d'homogénéiser les obits/empattements
>après la culbute, tu prends le risque de créer de nouvelles lettres
>illisibles, ou de te rapprocher trop de lettres existantes (remarque
>de J.-P.).

J.-P. ne m'a pas convaincu sur ce coup-là. Je ne dis pas qu'il a tort,
mais, d'une part, je pense que des modifications mineures des obits et
empattements ne modifieront pas forcément la perception de ces signes ;
d'autre part, la relation entre le signe culbuté et son pendant n'est pas
toujours évidente et certaines confusions semblent même volontaires. Par
exemple, le "m culbuté" dont il craint la confusion avec une ligature "uu",
je constate que c'est une "voyelle haute postérieure non arrondie", je ne
sais pas ce que c'est, mais ça paraît plus proche d'un double u que d'un m.
Est-il déraisonnable de penser qu'on a, à l'origine, utilisé un m culbuté
pour figurer un double u ? Quant à la terminologie employée, on peut
s'étonner que le "h culbuté" et le "m hampé culbuté" soient tous deux des
"approximantes sonores". Ne peut-on pas en déduire que ce "m hampé culbuté"
est en fait un "h culbuté à double jambage" ?

Si j'étais toi et que je disposais de temps, je le ferais
>sur quelques signes et je ferais un test de lisibilité des deux
>versions par des gens qui lisent l'ipa couramment...

Ça porte finalement sur assez peu de signes, donc je vais suivre ton
conseil, on verra.

>On peut être certain que le grec Baskerville impose de purs concepts
>romains comme les empattements, ce qui donne une page imprimée plus
>homogène, mais choque un peu l'oeil de l'hélèniste, je crois. Ça reste
>pourtant lisible : pourquoi ne pas tenter ce genre de morphose sur
>l'ipa aussi ?

Le grec de Baskerville a choqué l'ancien hellèniste que je suis et séduit
le typographe. En fait, j'approuve la démarche, mais pas toutes les
solutions qui y sont apportées, même si j'ai fini par en adopter certaines.
Ça m'a donné envie de faire mieux, et c'est là toute mon ambition.
Le cas de l'API est différent, toutefois. Si l'intégration du grec au
système typographique occidental pourrait être considéré comme une sorte de
viol culturel, l'API, lui, fait déjà partie, par essence, de ce système.
Son intégration est donc une évidence, la question est juste de savoir
jusqu'où aller.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).