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Message : Re: Nom d'auteur en petites caps

(Jacques Melot) - Dimanche 21 Janvier 2001
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Subject:    Re: Nom d'auteur en petites caps
Date:    Sun, 21 Jan 2001 01:42:06 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 19/01/01, à 10:53 +0100, nous recevions de Paul Pichaureau :

Olivier RANDIER a écrit :

> Si on part du principe que l'on met le patronyme en petites caps et le
> prénom en bas de casse (en fait, abrégé, la plupart du temps), que fait-on
> dans les cas suivants :

 Ah bon, pourquoi le prénom en bas de casse ? Pourquoi pas en petites
capitales ?
Ça me semble plus logique pourtant...

 Pour moi, le nom d'un personne est un tout,



Je suis d'accord avec tout ce qui précède : dans le monde occidental au moins, le prénom est le nom des gens, le vrai. En ce sens il est aberrant de lui donner une importance moindre. On a toutefois indéniablement tendance à le faire, sans doute à cause de l'homonymie, surtout quand de grands groupes humains sont impliqués. Les bibliographies ou l'annuaire téléphonique sont classés suivant l'ordre alphabétique de noms de famille. En Islande (275000 hab.), au contraire, l'annuaire et les bibliographies sont classés par prénom, car le nom des gens, dans l'esprit de chacun est le prénom, et pour cause : la plupart des Islandais n'ont tout simplement pas de nom de famille. Comme je l'ai expliqué à de nombreuses reprises ici, dans Hjörleifr Hrafnkelsson Hjörleifr est tout à la fois le nom et le prénom (entité unique) et Hrafnkelsson, qui se traduit par fils de Hrafnkell, indique de qui Hjörleifr est le fils : ce n'est pas un nom de famille. De même pour les femmes (Þorgunnr Arnardóttir, soit Thorgunnr fille de Örn, aigle, dont le génitif sing. est arnar). On voit ça clairement sur les terrains de sport, lors des rencontres internationales où les Islandais ont tous des noms se terminant en -son. Dans le cas de ces derniers, s'il y a quelque chose à mettre en évidence par l'emploi de petites capitales, c'est bien leur nom, c'est-à-dire ce qui apparaît pour nous autre être leur prénom. Le fait de traiter différemment le prénom du nom de famille dans les circonstances qu'Olivier nous a citées, mène donc à des difficulté dès l'instant où l'on sort du système français.



avec titre, déterminatif et tout



Ça, c'est déjà différent. Le titre fait partie de la citation du nom dans les pays germaniques, pas en France. On n'utilise (ou fait utiliser par les autres !) son titre de docteur, professeur, etc., que dans quatre spécialités en France : celles qui ont des implications plus particulièrement sociales, notamment où l'argent intervient. Le titre de docteur (et professeur), en France, ne se donne qu'aux médecins, aux pharmaciens, dans le monde juridique et dans le monde économique. Dans les facs françaises, les physiciens, biologistes, chimistes, etc., qui mettent leur titre devant leur nom sur la porte de leur bureau sont en général des personnes qui font des complexes d'infériorité, indiquant par là qu'au fond d'elles-mêmes elles ne sont pas bien persuadées de l'être d'où la nécessité de le réaffirmer sans cesse. C'était typiquement le cas dans les trente ou quarante années après la dernière guerre mondiale, où, après l'hécatombe, on a repeuplé les chaires des université en nommant professeur des gens qui n'auraient jamais eu ce titre une ou deux décennies plus tard. Ces personnes, quelque part en elles, savaient parfaitement de quoi il retournait, d'où le besoin de réaffirmer sans cesse leurs titres. Dans les pays germaniques et les pays slaves, par contre, c'est l'usage (Monsieur le docteur ingénieur diplômé, professeur docteur docteur honoris causa - authentique ! c'est même un ami à moi -, etc.). Ne pas faire usage de ces titres est une impolitesse. Dans les remerciements à la fin des articles, il arrive que les auteurs utilisent les titres universitaires des personnes remerciées en les citant, lorsque expliciter ces titres est l'usage dans leur pays. Je les fait supprimer, car cela entraîne des discordances que le lecteur ne sait pas nécessairement rétablir : si untel apparaît avec 8 cm linéaires de titres, il est aisé de penser que les autres n'ont aucun titre, sinon celui de « monsieur » ou « madame ». Je conçois très bien qu'un collègue en Allemagne fasse l'inverse, mettant les titres des Français devant leur noms, ce qui me semblerait même très naturel. En France, cette discrétion dans l'usage du titre est, je pense, louable, car, dans le cas contraire, il y a formation d'une sorte d'analogue de la noblesse qui, à mon avis, n'a rien de souhaitable à une époque où nous avons appris, du moins comme idéal, à vivre et être respectés pour ce que nous faisons et valons réellement et non pour les étiquettes qui sont censées nous caractériser. Je trouve que c'est une bonne chose que le professeur comme l'assistant signe le livre qu'il publie en utilisant son nom sans rappel de ses titres, simplement en le faisant suivre de « université de Paris VI », par exemple. On juge sur pièce.

  Jacques Melot



ce que tu veux. On met tout en petites capitales, non ? C'est d'autant
plus vrai si tu cites de noms de gens ayant vécus au Moyen Âge, époque
pour laquelle la notion de patronyme est plus que floue...


> Olivier RANDIER