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Message : Re: [TLSFRM] Re: Un petit mot

(Olivier RANDIER) - Mercredi 07 Février 2001
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Subject:    Re: [TLSFRM] Re: Un petit mot
Date:    Wed, 7 Feb 2001 02:29:43 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

Tiens ! qu'est-ce que je disais ?! Eh bien ! non : ce n'est pas la
>raison essentielle ! Pourquoi lorsqu'on dit (enfin, le qu'on c'est
>moi) en français « un coupeur » là où l'anglais utilise le terme
>« cutter », ça ne « prend » pas ?

Peut-être parce qu'en français, « coupeur », c'est un métier, pas un
outil ?... Sérieusement, cutter est un mauvais exemple, parce qu'il
représente un certain nombre de cas où le mot logiquement formé en français
ne fonctionne pas, parce qu'il est déjà employé ou présente une ambiguïté.
On rencontre le même genre de problèmes avec la féminisation (le féminin
d'entraîneur, par exemple).

D'autre part, il  arrive souvent qu'on aie besoin d'une nuance
supplémentaire non exprimée par le mot approprié. Ainsi, je n'utilise pas
indentation à la place de renfoncement, qui me convient parfaitement, mais
pour désigner le système particulier de renfoncements successifs en cascade
typique de certains langages informatiques (et que j'ai utilisé pour
composer _Obéissance passive_, de Fernand Lot). D'une certaine façon,
l'anglais joue le rôle tenu autrefois par le latin, celui d'une langue «
morte pour nous » à laquelle on emprunte des mots assez proches des nôtres,
mais suffisamment différents pour servir de nuances à ceux-ci. C'est une
démarche simple et logique, qui procède du même mécanisme que celui qui
consiste à employer en phonétique des signes apparentés aux signes
alphabétiques, mais différents, comme un m culbuté, figurant un double u,
pour noter un son proche du u ou du w. Bien sûr, cette démarche pourrait
aussi bien partir de l'espagnol ou de l'italien, voire du grec, mais c'est
l'anglais qui est la langue secondaire majoritaire en France et en Europe.

Et pourtant, dans le fond,
>qu'est-ce qu'un anglophone entend d'autre dans ce cas ? Et les
>exemples sont nombreux, sans compter les onomatopées pures et
>simples. Même le « Boum ! » français s'efface devant un « Boom » qui
>est prononcé, bien sûr, exactement de la même manière ! Et oui !

Ou la « pensée » grecque prononcé « Nousse » dans des pubs françaises...

>Ainsi vont les choses. Pour en revenir au « cutter », en le vendant
>au Français sous ce nom, on lui vend, en le séduisant, aussi un petit
>bout de « culture » anglo-américaine, un fragment de mythe, de rêve.
>Et les petits ruisseaux faisant les grandes rivières...

Tiens, tu viens de découvrir le marketing (marchandage) ? Mais je pense que
tu mets quand même le doigt sur quelque chose : on nous VEND cette
« culture ». Le problème n'est pas tant l'impérialisme culturel américain,
que la logique ultralibérale qui nous impose la culture au rabais des
écoles de commerce. Il ne s'agit pas d'opposer la culture française à
l'anglosaxonne, mais de se battre contre une taylorisation du savoir
planifiée en vue de la libéralisation de l'éducation.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).