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Message : Re: Baskerville

(Alain Hurtig) - Dimanche 15 Avril 2001
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Subject:    Re: Baskerville
Date:    Sun, 15 Apr 2001 19:46:10 +0200
From:    Alain Hurtig <alain@xxxxxxxxxxxxxxxxxx>

At 18:29 +0200 15/04/01, Olivier RANDIER wrote:
les deux références incontournables de cette époque (d'ailleurs ils sont
presque toujours cités ensemble) sont Baskerville et Caslon,

Sauf que personne ne cite jamais le Baskerville !

cherches un repoussoir et alors le choix évident est Jaugeon/Granjean

Tu l'as vu numérisé quelque part, le Jaugeon (a-t-il jamais servi à quoi que ce soit, d'ailleurs ?)

Bon, je crois que je vais prendre le Caslon, tant aimé de tout le monde, avec ses restes de perruques et de falbalas ;-). J'aime bien, note, mais ce n'est pas du Baskerville...

Cette notion de caractère de transition, véhiculée par la classification
Atypi (transitionnal), me paraît une sombre c... John Baskerville ne s'est
pas réveillé un matin en disant : « je vais dessiner un caractère de
transition ».

Évidemment pas. Personne ne pense jamais un truc pareil (« Je suis un personnage de transition »...) _Mais_ son caractère s'éloigne déjà de la réale, et fraye le chemin à la véritable rupture que seront le Didot et le Bodoni. Fournier, qui n'aimait guère l'audace du Baskerville (concédant du bout des lèvres la beauté de son italique) ne s'y est pas trompé. Bodoni non plus, qui a reconnu sa dette à John Baskerville.

Sa création se voulait un achèvement, elle reflétait les
tendances de son époque, tant sur le plan technique qu'esthétique.

Ça l'était. Sauf que juste après, ou juste pendant, il y a eu le Romantisme, et surtout la Révolution... (composée au début en réale, puis en Didot - c'est marrant, on parle en ce moment de typographie et de politique sur la liste : les grands textes de la Révolution américaine ont été composés dans le Caslon de l'Ancien régime [pour des raisons strictement matérielle : c'était la seule police que les _Insurgents_ avaient à leur disposition] et très vite, ceux de la Révolution française, puis de la réaction napoléonienne, ont été composés en Didot... On en tirera les conclusions qu'on voudra.)

pourrait aussi bien qualifier les didones de caractères dégénérés en
prétextant qu'ils sont la forme extrême d'une impasse de l'évolution

On peut toujours raconter n'importe quoi. Les didones ont dominé tout le XIXe siècle... Leur éclipse actuelle ne peut être que passagère.

C'est vrai que, du point de vue de la lecture, la différence n'est pas
évidente à faire.

Pas sûr. En tout cas, le gris généré est des plus beaux qui soient : la réale allie la beauté, le rationnel, la sûreté des sentiments, l'ouverture à l'autre et la grandeur de la pensée. (Et vlan !)

Baskerville-Bodoni. Parce que ce sont les seuls, à ma
connaissance, à avoir tenté une conception transculturelle de la
typographie. Et ça, ça me touche, en ce moment.

Transculturelle ? Je ne comprends pas.

John Bell, pas Graham.

Merci, Olivier ;-))))

Mais c'est vrai que c'est plutôt dans la génération
des Didot.

Et une réponse, au moins implicite, aux didones. Le caractère de Martin (numérisé sous le nom de Bulmer), au demeurant magnifique, est une réponse _explicite_ aux didones et singulièrement au Didot. Mais ça a été historiquement une impasse.
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Dans le petit nombre des choses qui m'ont plu, et que j'ai su bien
faire, ce qu'assurément j'ai su faire le mieux, c'est boire. Quoique
ayant beaucoup lu, j'ai bu davantage.
     Guy Debord, _Panégyrique_.