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Message : Re: Baskerville

(Thierry Bouche) - Lundi 16 Avril 2001
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Subject:    Re: Baskerville
Date:    Mon, 16 Apr 2001 16:22:10 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Alain Hurtig a écrit :
> 
> >At 18:29 +0200 15/04/01, Olivier RANDIER wrote:
> >les deux références incontournables de cette époque (d'ailleurs ils sont
> >presque toujours cités ensemble) sont Baskerville et Caslon,
> >
> Sauf que personne ne cite jamais le Baskerville !

Tu veux dire : comme archétype de la réale ? 

Bringhurst, « neoclassical » : un baskerville

Cadran Vox (in Blanchard) : réales : Baskerville, Cochin, Times

Blanchard : les réales ou granvilles (Grandjean + Baskerville) !
(son schéma de la p. 159 pourrait te servir !)

Blackwell met Times dans les garaldes, et Stempel Garamond dans les
réales ; le premier de sa liste est un baskerville (plutôt ITC, à voir
comme ça...)

de Buen : Baskerville, Caslon, Bell.


> Tu l'as vu numérisé quelque part, le Jaugeon (a-t-il jamais servi à
> quoi que ce soit, d'ailleurs ?)

_Médailles des principaux événements du règne de Louis le Grand_, 1699,
corps 16.
_Histoire métallique du Roi_ (?!)

En fait, cette police a une très longue histoire, débutée en 1699 par
Grandjean, elle fut achevée en 1740, par les efforts conjugués
d'Alexandre et de Luce !

C'est pas une des polices numérisées par Frank Jalleau (donc impossible
à utiliser !) ?


> Bon, je crois que je vais prendre le Caslon, tant aimé de tout le
> monde, avec ses restes de perruques et de falbalas ;-). J'aime bien,
> note, mais ce n'est pas du Baskerville...

Ah ! en fait, tu voulais comparer Baskerville à Baskerville ?

On essaie de te répondre sans trop savoir ce que tu veux illustrer, en
fait. Je crois tout de même qu'il y a peu de caractères, dans cette
période de transition, qui ont autant de qualités intrinsèques que le
baskerville : on a d'abord les garaldes « modernisées » (Plantin,
Caslon, Times...), les caractères issus de la gravure sur cuivre ou
d'une sorte de scientifisation délirante de la géométrie, comme ceux de
l'IN, le Fournier. Je crois que Baskerville _introduit_ son axe vertical
bien marqué, tout en lui donnant une respiration, un rythme original et
unique, ça n'est pas une garalde du tout, la logique, le dessin sont
vraiment différents. En fait, on peut le situer historiquement  dans
cette période de transition, mais c'est une rupture. Dans une moindre
mesure, on pourrait aussi dire ça du Scotch Roman, mais totalement dénué
d'élégance... Une fois Baskerville publié, il ne reste plus qu'aux
Didot, Walbaum et autres Bodoni à radicaliser la nouvelle architecture
de la lettre introduite par Baskerville, et à modifier les empattements.

Donc, pour moi, les garaldes tardives ne transitionnent pas vers le
didot, c'est une forme de maniérisme, comme on peut le voir toujours à
l'oeuvre aujourd'hui (Minion, LeMonde, Scala, Beowulf, Cronos ou Today
Sans...) qui repose toujours sur un squelette humanistique. Baskerville
rompt avec cette tradition, et définit une nouvelle architecture, c'est
celle-ci qui sera à son tour « modernisée » par les « romantiques », le
premiers didot ou Bodoni sont très directement liés à Baskerville. Il y
aurait donc une histoire débutée à Venise dans les années 1600, et qui
se poursuit toujours, et une autre qui débute en 1754 à Birmingham...

Th.