Archive Liste Typographie
Message : Re: Typographie anglaise

(Jacques Melot) - Dimanche 22 Septembre 2002
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: Typographie anglaise
Date:    Sat, 21 Sep 2002 22:58:50 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 21/09/02, à 20:03 +0200, nous recevions de Dominique Lacroix :

 > Le 21/09/02 16:16, « Thierry Bouche »  a écrit :

 Deux ou trois trucs m'échappent.
 Pourquoi seulement anglais et français ?

Si tu veux faire le chinois, libre à toi ;-)

Il s'agit d'aider des francophones qui sont censés connaître à peu près
les règles du français à se rappeler les règles pour l'anglais lorsqu'ils
ont à présenter des articles en anglais, ce qui est de plus en plus souvent
fréquent.



Cela me rappelle - et c'est d'ailleurs de même nature - ces Français, nombreux, qui sous l'Occupation ne trouvaient mieux à faire que de s'empresser de s'inscrire à des cours d'allemand (il y en a eu dans ma famille, hélas).


P.-S.  Les Français parlent aux Français (à ce qui en reste) :

Ces dernières semaines, j'ai eu l'occasion de fréquenter les lycées islandais. Quelle différence (... sans doute) avec la France : latin obligatoire, cours de grec ancien bien remplis, première langue vivante obligatoire le danois, deuxième langue obligatoire l'anglais, troisième langue obligatoire l'allemand, le français ou l'espagnol, quatrième langue en option. Dans la sale des profs d'un lycée que je connais plus particulièremement, sur les tables entourées de fauteuils en cuir, le Nouvel Observateur, le Monde et... Paris Match (allez savoir pourquoi !), également la version française de Marie Claire. En dehors de cela quelques revues scandinaves, surtout danoises (Bo Bedre, etc.), et encore pas tout le temps ou de manière moins visible. Je n'ai pas vu un Times, pas un Newsweek, pas un Herald Tribune. Dans les couloirs, on entend notre langue, aussi au restaurant où des professeurs par tables entières la parlent entre entre eux dans la foulée d'un ou deux profs (islandais) de français, tous, professeurs de langues ou non, parlant trois langues au moins, beaucoup, la plupart, en parlant quatre, cinq, et plus... Les étagères des salles de professeurs spécialisées (maths, physique, chimie, histoire naturelle, etc.) remplies de livres dans toutes les langues scandinaves, en allemand, en anglais, en français, en russe... l'état des ouvrages témoignant sans conteste possible de leur usage.

Alors, avec ce misérable anglais de France, simultanément promu et méprisé par ses sectateurs parce qu'il n'est conçu que comme un instrument arrogant pour évacuer le problème des langues, nous faisons, j'en ai peur, bien grise mine...

Il n'y a pas de lieu où l'on ait une plus mauvaise idée du statut exact du français - et de sa valeur - qu'en France même où l'on a réussi à créer chez les jeunes générations une subjectivité banalisant la résignation, l'alignement et l'assujettissement au monde anglo-saxon. Quand je vois ce gaspillage, ou, pour employer un terme de notre héritage scandinave, cette gabegie... C'est à qui se fera le plus petit, à qui flattera le plus ceux qui l'assujettissent... et à qui se sentira en position de mieux humilier plus sain que soi à coups d'accusation moqueuse de don Quichottisme et autres instruments d'une panoplie dénigrante, hélas, bien connue.

Les choses étant rondement menées, il ne faut que deux générations pour faire disparaître totalement une langue, y compris une langue comme le français, en la reléguant à un patois. Je l'ai déjà dit et je le répète, il est fort possible que d'ici quelques décennies des langues comme la nôtre ne soient plus utilisées que dans les circonstances les plus triviales de la vie quotidienne, celles en rapport avec le tube digestif sur toute sa longueur, à l'exclusion donc de la vie professionnelle, culturelle, etc., et ce, alors que dans le même temps les langues scandinaves n'auront pas vu leur statut sensiblement entamé, c'est-à-dire continueront à être utilisées comme elle le sont à l'heure actuelle où elles méritent, malgré tout, encore le nom de langues nationales, de langues vivantes au sens plein du terme. Ce serait tout de même un comble !

Nombreux - suffisamment nombreux - en France sont ceux qui ressentent bien qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au vu des vicissitudes du français, mais bien peu, faute d'expérience ou de précédent, sont capables de l'exprimer efficacement. Et le malheur veut que bon nombre d'associations de défense de la langue n'ont pas compris que vigueur, détermination et choix des termes adéquats n'est pas l'antithèse de la politesse et de l'efficacité. Le résultat est aussi que ces associations parviennent à induire auprès des autorités responsables une idée fausse de l'état des choses dans la population générale, tout spécialement en ce qui concerne les réactions, les sentiments, l'inquiétude et les aspirations de la partie de cette dernière sensibilisée en matière de langue.

   Jacques Melot

« Si tu te fais ver, ne t'étonne pas si un jour on t'écrase du talon ».



 > Pourquoi seulement des références sur Internet,

Parce qu'on n'a pas affaire forcément à des typographes professionnels,
prêts à acheter des tonnes de bouquins sur le sujet.
Cela dit, je ne suis pas du tout opposée au rajout d'une bibliographie
sérieuse.

 quand par exemple le _Chicago_

Références, please ?

 > et le _Lexique of ze IN_
[...]