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Message : Re: [typo] Lettrine et italique

(Jacques Melot) - Dimanche 22 Décembre 2002
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Subject:    Re: [typo] Lettrine et italique
Date:    Sun, 22 Dec 2002 01:13:38 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 21/12/02, à 21:47 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :

 >   Le 21/12/02, à 19:40 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :

 >
 >Donc, le titre de l'ouvrage sera "Répertoire des ressources
 >généalogiques et héraldiques du Département des manuscrits de la
 >Bibliothèque nationale de France".



     (Chaque fois que je vois ce « de France » rabaissant, j'en attrape
 une crise d'urticaire !)

Rabaissant en quoi ?

La Grande-Bretagne a sa British Library, la bibliothèque britannique,
n'aurions nous pas NOTRE bibliothèque ?



Si, si, nous avons « notre bibliothèque », mais ce que je veux dire est qu'il n'y avait aucune raison - avouable - de rebaptiser la Bibliothèque nationale en « Bibliothèque nationale de France » !



La dénomination officielle qui prévalait lors de la création du site de
Tolbiac était Bibliothèque nationale pour les départements restant à
Richelieu, et Bibliothèque de France pour le nouveau site. Le nom de
Bibliothèque nationale de France provient de la "fusion" des deux
entités en une seule.



Je n'en sais rien, mais j'en doute fort. Je n'ai jamais vu « Bibliothèque de France », une dénomination qui semble d'emblée douteuse. Il est douteux en effet qu'on aille donner un tel nom alors que celui de « Bibliothèque nationale » existait depuis fort longtemps (1666) et avait le même sens. Cela ne tient tout simplement pas debout. Ce que je crois bien plutôt, et que je croirai jusqu'à preuve du contraire, c'est que ce changement d'usage indu et qui ne comporte QUE des inconvénients, est une manière irresponsable de se faire petit, toute typique des politiciens sociaux-démocrates de l'après-Mitterand, faisant ainsi le jeu du faux égalitarisme hypocrite de l'Europe nordique luthérienne. Une France qui serait désormais un pays à tout prix comme les autres, qui adopterait l'anglais comme les autres, qui féminiserait son langage comme les autres, etc.

Pour en revenir à votre explication, j'aurais sans doute dû remarquer avant tout qu'elle ne change strictement rien à l'affaire, puisque, à vous lire (« prévalait »), cela n'a rien eu d'effectif et n'était qu'une possibilité envisagée parmi d'autres. Il n'y a donc pas eu non plus la moindre fusion, puisqu'il est impossible de fusionner une entité existante avec une entité sans existence. Tourné dans les termes adéquats et dans un langage clair non politicien, si vous voulez pour appeler un chat un chat, on a changé le nom « Bibliothèque nationale » en « Bibliothèque nationale de France », un point c'est tout.


En dehors de l'explication que j'ai donnée et qui je pense est la bonne, on ne voit vraiment pas ce qui pourrait justifier ce rallongement : il n'y a au monde que je sache qu'un seul établissement qui s'appelle ainsi. Le nom « Bibliothèque nationale » étant un nom propre connu de toute personne concernée sur la planète, cela a fait aussi que dans tous les pays francophones, la bibliothèque nationale a naturellement reçu un nom différent, où figure d'autres termes, tel l'adjectif « royale » en Belgique (sauf erreur).

Faites une petite enquête et vous verrez que le cas n'est pas isolé ; ce qui l'est plutôt c'est la conn... des politiques français. Je pense qu'un seul exemple suffira : celui de la National Gallery aux États-Uni. Si vous croyez qu'ils vont aller suivre notre exemple, vous vous faites de profondes illusions ! Ce nom n'a effectivement rien de critiquable en soi et n'a pas a être changé, en tout cas pas pour les raisons invoquées plus haut. À quand le Muséum national d'histoire naturelle... de France ? Je vous demande un peu !

« Qui veut faire l'ange, fait la bête ! » (Un de ces proverbes qu'on ferait bien de se répéter tout les matins en se levant.)



 >     Euh... une simple question : comment traduiriez-vous «
 ressources » en français ?

N'est-ce pas un mot français ?



Cela n'en fait pas moins un anglicisme... Enfin, vous vous apercevez tout de même bien de la recrudescence d'emploi de ce terme dans le jargon moderne dans un sens et des contextes qui diffèrent de ce qu'ils étaient il y a ne serait-ce que dix ans, non ?



Je le trouve pourtant dans le
Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction
d'Alain Rey, page 3212 "réserves dont dispose un pays, son  potentiel
économique", en l'occurence les richesses du Département des manuscrits.



C'est vous qui arrangez ça à votre sauce, mais ce n'est pas le bon exemple à fournir pour justifier l'application au service en question, pas plus d'ailleurs qu'aucun autre en français. Le sens fondamental de « ressource », dans notre langue, est celui non de trésor, mais de provision en rapport avec un besoin vital ou primordial.

Il ne s'agirait pas de confondre le Cabinet des estampes, avec un garde-manger !



[...]
 > la seconde. Donc, non, je persiste à dire qu'il faut réécrire ce
 début de paragraphe. C'est de loin la solution la plus raisonnable.

Le metteur en page a déjà soufflé cette idée à l'auteur, qui est la même
personne, sans succès.



   Nous voilà bien ! Que faire ?

   Quoi qu'il en soit, bon courage !

   Jacques Melot


--
Jean-Philippe Gérard