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Message : Re: [typo] Lettrine et italique

(Jacques Melot) - Dimanche 22 Décembre 2002
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Subject:    Re: [typo] Lettrine et italique
Date:    Sun, 22 Dec 2002 11:24:20 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 22/12/02, à 8:16 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :

 >   Le 21/12/02, à 21:47 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :

 >La dénomination officielle qui prévalait lors de la création du site de
 >Tolbiac était Bibliothèque nationale pour les départements restant à
 >Richelieu, et Bibliothèque de France pour le nouveau site. Le nom de
 >Bibliothèque nationale de France provient de la "fusion" des deux
 >entités en une seule.



     Je n'en sais rien, mais j'en doute fort. Je n'ai jamais vu
 « Bibliothèque de France », une dénomination qui semble d'emblée
 douteuse. Il est douteux en effet qu'on aille donner un tel nom alors
 que celui de « Bibliothèque nationale » existait depuis fort
 longtemps (1666) et avait le même sens. Cela ne tient tout simplement
 pas debout. Ce que je crois bien plutôt, et que je croirai jusqu'à
 preuve du contraire, c'est que ce changement d'usage indu et qui ne
 comporte QUE des inconvénients, est une manière irresponsable de se
 faire petit, toute typique des politiciens sociaux-démocrates de
 l'après-Mitterand, faisant ainsi le jeu du faux égalitarisme
 hypocrite de l'Europe nordique luthérienne. Une France qui serait
 désormais un pays à tout prix comme les autres, qui adopterait
 l'anglais comme les autres, qui féminiserait son langage comme les
 autres, etc.

Je ne comprends rien aux arguements.



Évidemment, ça simplifie considérablement les choses. Cela dit (avec humour bien sûr), je ne m'attendais pas à être entièrement compris par tous dans mes explications, sauf de ceux qui ont l'occasion de voir la France et de suivre son évolution de l'extérieur.




MAIS la dénomination Bibliothèque nationale date de 1792.




Je sais et PEU IMPORTE. (L'évolution du nom est semblable à celui de l'Imprimerie nationale.) J'ai simplement reporté la date du déménagement dans le quartier où la partie principale de la BN est restée si longtemps.




Avant on
parlait de Bibliothèque du Roi ou de Bibliothèque royale. Elle s'est
même appellée queqlues années Bibliothèque impériale.

Pourquoi 1666 ?

1666 : déménagement de la BR de la rue de la Harpe (actuellement
boulevard Saint-Michel) à la rue Vivienne.

1720 : déménagement de la rue Vivienne à la rue de Richelieu (500
mètres)

1720 : création des départements spécialisés.

1792 : Bibliothèque nationale.

...


    Pour en revenir à votre explication, j'aurais sans doute dû
 remarquer avant tout qu'elle ne change strictement rien à l'affaire,
 puisque, à vous lire (« prévalait »), cela n'a rien eu d'effectif et
 n'était qu'une possibilité envisagée parmi d'autres. Il n'y a donc
 pas eu non plus la moindre fusion, puisqu'il est impossible de
 fusionner une entité existante avec une entité sans existence. Tourné
 dans les termes adéquats et dans un langage clair non politicien, si
 vous voulez pour appeler un chat un chat, on a changé le nom
 « Bibliothèque nationale » en « Bibliothèque nationale de France »,
 un point c'est tout.

Je vous renvoie à "La Bibliothèque nationale de France. Collections,
services, publics. Éditions du Cercle de la Librairie, 2001"

En 1987, on parlait de BN bis. A cette époque il était envisagé de
rattacher les départements dits spécialisés (manuscrits, estampes et
photographies, médailles et monnaies, musique) à d'autres institutions,
et de recentrer l'activité de la BN d'alors sur les imprimés (livres et
périodiques). Il y a bien eu un projet Bibliothèque de France (EPAD). La
BN continuait de son côté. La réunion des deux projets a donné naissance
à la Bibliothèque nationale de France, nom bine préférable à Très Grande
Bibliothèque.



La BN n'était pas un projet, mais une entité bien réelle et depuis longtemps existante. Il n'y a donc pas réunion (ou fusion) de deux projets non plus. Il y a simplement eu un certain nombre de circonstances (déménagement, etc.) qui se sont terminées sur un changement de nom. Et un changement peu heureux en même temps que symptomatique. C'est peut-être aussi le moment de rappeler qu'un déménagement n'est pas en soi une raison de changer de nom, pas plus qu'une extension en des bâtiments non contigus (ce qui arrive fréquemment aux universités).



 >
     En dehors de l'explication que j'ai donnée et qui je pense est la
 bonne, on ne voit vraiment pas ce qui pourrait justifier ce
 rallongement : il n'y a au monde que je sache qu'un seul
 établissement qui s'appelle ainsi. Le nom « Bibliothèque nationale »
 étant un nom propre connu de toute personne concernée sur la planète,
 cela a fait aussi que dans tous les pays francophones, la
 bibliothèque nationale a naturellement reçu un nom différent, où
 figure d'autres termes, tel l'adjectif « royale » en Belgique (sauf
 erreur).

Grande-Bretagne : British Library.
Belgique : Bibliothèque royale de Belgique / Koninklijke Bibliotheek
van België (http://www.kbr.be).
Espagne : Bibliothèque nationale d'Espagne / Biblioteca Nacional de
España (http://www.bne.es)
Canada : Bibliothèque nationale du Canada
(http://www.nlc-bnc.ca/index-f.html)
Québec : Bibliothèque nationale du Québec (http://www.bnquebec.ca/)
J'arrête la.



Vous pourriez aller vérifier si ces formes ne sont pas récentes, plus récentes que « Bibliothèque nationale ». Il est évident, et c'est ce que j'ai écrit, que « Bibliothèque nationale » étant utilisé pour la nôtre, les Canadiens, Québecois compris, devaient trouver autre chose, comme par exemple préciser qu'il s'agissait de la bibliothèque nationale de leur pays...



 >     Faites une petite enquête et vous verrez que le cas n'est pas
 > isolé ; ce qui l'est plutôt c'est la conn... des politiques français.
 Je pense qu'un seul exemple suffira : celui de la National Gallery
 aux États-Uni. Si vous croyez qu'ils vont aller suivre notre exemple,
 vous vous faites de profondes illusions ! Ce nom n'a effectivement
 rien de critiquable en soi et n'a pas a être changé, en tout cas pas
 pour les raisons invoquées plus haut. À quand le Muséum national
 d'histoire naturelle... de France ? Je vous demande un peu !


US : National Galery



J'ai pensé à la National Gallery of Art en fait (elle bien aux États-Unis), pas à la National Gallery qui se trouve à Londres, mais cela, c'est le moins qu'on puisse dire, ne change rien à l'affaire. Vous avez donc en Angleterre un British Museum qui côtoie un National Gallery, aussi fortuits l'un que l'autre dans leur construction, mais néanmoins aussi valables, et qui, dans aucun des deux cas ne nécessitent de modification, ni pour supprimer l'indication de la nation, ni pour l'introduire.



France : Musée du Louvre (et non Musée du Louvre de France)


Ici ne figure pas « national » de toute façon, contrairement à, par exemple (parmi de nombreux autres, en France comme ailleurs !) Muséum national d'histoire naturelle.



Mais tout ceci est hors sujet.


Pour l'humaniste, il n'y a pas de hors sujet, sinon qui le soit d'emblée, ce qui n'était pas le cas. Nous voilà donc rassurés.

   Jacques Melot



--
Jean-Philippe Gérard