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Message : Re: [typo] Abréviation mn ou min ?

(Jacques Melot) - Dimanche 12 Janvier 2003
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Subject:    Re: [typo] Abréviation mn ou min ?
Date:    Sun, 12 Jan 2003 21:25:24 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 12/01/03, à 19:01 +0100, nous recevions de Dominique Lacroix :

 > Le 12/01/03, « Jacques Melot »  a écrit :

 [...] Lorsque, par exemple, en botanique

Si les règles d'abréviation n'ont pas de normes en botanique mais plutôt,
comme vos l'exposez, des règles implicites sanctionnées par un usage, cela
ne signifie pas que ces règles doivent s'appliquer aux unités de mesure qui
elles, ont été normées.



Les abréviations des noms de genre dont j'ai parlé suivent les règles générales de formation des abréviations (elles ne constituent pas des exceptions !). Cet exemple, très technique il est vrai, illustre ce qui se passe aussi dans des textes plus généraux où l'on estime pouvoir employer des abréviations : il est en général possible d'abréger de plusieurs manières différentes, et ce, d'autant plus que le mot à abréger est plus long. Il n'est nullement question de norme qui ferait ici que tel mot doit être abrégée de telle manière unique et rigide, mais de règles de formation des abréviations que l'on applique de manière a, dans un contexte donné, obtenir une expression à la fois courte et, afin de ne pas ralentir sensiblement la lecture, en même temps suffisamment évocatrice du mot qu'elle remplace (principe rédactionnel de base).



 >   Pour en revenir à ce que vous écriviez, l'intérêt... n'oublions
 > pas qu'il s'agit ici d'un forum consacré à la typographie...
 l'intérêt, donc, est qu'il existe des règles et que, dans l'intérêt
 de la stabilité, il n'est pas bon de prendre des décisions qui, les
 petits ruisseaux faisant les grandes rivières, auront pour effet de
 favoriser une déréglementation où personne n'a rien à gagner.

C'est exactement au nom de cette idée qu'il me paraît opportun de respecter
les règles auxquelles la majorité des États ont souscrites et auxquelles la
France, avec d'autres, a donné force de loi nationale.



Vous confondez règles de typographie et respect d'une norme étrangère à la typographie, comme l'est aussi la nomenclature des symboles chimiques (pour les corps simples), par exemple. Dans certains cas on est amené à utiliser des symboles et alors, seulement alors, il faut que ces symboles, s'il s'agit d'unités, soient ceux du S.I. Et croyez-moi, je râle ou critique si ce n'est pas fait ! En revanche, lorsqu'il s'agit d'un texte où le temps (puisqu'il s'agit concrètement de minutes ici) n'est pas considéré du point de vue de sa mesure technique, on emploie une abréviation, si cela est possible, sachant que dans un texte général (un roman, par exemple), on doit tout écrire au long (le 28 novembre 2002 ; treize à la douzaine, dix-huit chalutiers, une dizaine de minutes, vingt minutes, etc.).

Dans un article mycologique publié dans une revue savante, donc un texte scientifique, il est correct d'écrire :

« Il faut laisser agir le réactif de Melzer pendant cinq minutes pour conclure à l'absence éventuelle de réaction ».

   Il ne l'est pas d'écrire :

« Il faut laisser agir le réactif de Melzer pendant cinq min. pour conclure à l'absence éventuelle de réaction »,

ni (bien que cela se rencontre) :

« Il faut laisser agir le réactif de Melzer pendant 5 minutes pour conclure à l'absence éventuelle de réaction ».

   Quant à :

« Il faut laisser agir le réactif de Melzer pendant 5 min pour conclure à l'absence éventuelle de réaction »

non, simplement non... pas plus que « 5 min. » d'ailleurs, si ça peut vous rassurer.


En revanche, dans une zone de texte par nature serrée (typiquement dans un tableau), j'accepte :

« Laisser agir le Melzer 5 min. pour concl. » ou « Melzer : concl. après 5 min. » ou « Melzer : 5 min. », parmi d'autres possiblités dépendant du contexte (titre de la colonne dans le tableau, etc.).

Si par contre, dans le même type d'article, on compare de manière scientifique la durée nécessaire à la réaction en citant une série de données du même type, on doit alors passer à une écriture précise utilisant le symbole « min » (à l'exclusion de « mn » !).


Réactions au réactif Tl-4 :

Cortin. saginus : 12,3 min
Rozites caperata : 0,9 min
Coll. fusipes : 17 s
Aman. rubescens : < 2 s

   Aussi bien pour un tableau.

  Etc.




En revanche, à ma connaissance, il n'existe pas de norme définissant les
relations sémantiques entre « symbole » et « abréviation ».
Elles sont variables selon les auteurs.



   Ce ne sont donc pas des normes à proprement parler.



D'ailleurs, dans la loi canadienne sur les unités de mesure sanctionnant
l'adoption du SI, on trouve souvent l'expression « symbole ou abréviation ».



S'il faut aller jusqu'au Canada pour ça ! N'oubliez pas que dans ce pays, et même en se restreignant à la partie francophone, les règles typographiques peuvent varier légèrement par rapport aux nôtres, notamment sous l'influence de voisins aux pratiques envahissantes, au point de peut-être admettre comme abréviations correctes des abréviations qui, en France, nécessitent un point abréviatif. Dès lors, on pourrait en effet considérer que min coïncide avec une abréviation admissible... au Canada. L'explication peut être là, s'il ne s'agit tout simplement pas d'une erreur due à une confusion dans l'esprit du rédacteur... ou d'une affirmation parfaitement exacte dans un contexte qui permet de s'exprimer ainsi, malgré les apparences en l'absence dudit contexte. Comme toujours, il faut voir le texte au complet pour en juger.

Mais encore une fois, pourquoi de la seconde main, alors que vous nous transmettiez dans un message précédent de la première main, où « symbole », à l'exclusion de « abréviation » était utilisé. Je vous cite citant :

§
[...] Les unités de mesure, leurs multiples et sous-multiples ne peuvent être désignés que par leurs NOMS ou leurs SYMBOLES tels qu'ils sont déterminés dans le présent décret et son tableau annexe ci-dessus visé.


Du reste, dans le Lexique de l'I.N., les unités et leurs symboles sont données dans un tableau où la première colonne s'intitule « Unité », la seconde « Symbole » (et là figure « min ») et la troisième « Observations ». Rien de ceci n'est inclus ni reproduit dans la liste des abréviations donnée à un tout autre endroit de l'ouvrage.




Réintroduire le point dans les symboles d'unités de mesure me paraît
dangereux pour des motifs typographiques également.



Il ne s'est jamais agit de cela : le symbole est « min », un point c'est tout et je ne propose en rien de le modifier : il n'est pas construit comme une abréviation, mais avec des lettre ou des signes qui facilitent la mémorisation. Que maintenant « min » soit proche de l'abréviation « min. » est fortuit (cf. aussi erg qui reste erg) : il n'est pas difficile de trouver une foule de contre-exemples, parmi les unités admises, où cette coïncidence n'est pas aussi frappante, c'est le moins qu'on puisse dire (parsec, symbole pc, abréviation éventuelle pars. ; cheval-vapeur, symb. ch, abrév. évent. chev.-vap. ; unité astronomique, symb. UA, abrév. évent. un. astron. ou unit. astr., etc.). Parmi tous les symboles retenus dans le S.I., une grande proportion de celles qui sont formées avec des lettres (de l'alphabet latin) n'est pas formée suivant les règles générales de formation des abréviations, même abstraction faite du point d'abréviation manquant (Becquerel, Bq, candela, cd, curie, Ci, dyne, dyn, fermi, fm (pas de majuscule ? cf. curie), gray, Gy, etc.).



 > Quant à votre
 point centré, c'était bien risqué, car ce type de caractère passe
 typiquement très mal. Qui sait ce que cela aurait pu devenir... ou...
 est devenu chez certains ?!

Le point médian me paraît faire partie d'Iso Latin-1 (00B7), non ?
Avez-vous des problèmes de lecture ?



Il est bien passé, mais le caractère points de suspensions est souvent reçu sous forme d'un sigma majuscule, par exemple, la difficulté existe aussi avec le tiret cadratin.



 >   Pour reprendre mon sérieux (et vous rendre le vôtre par la même
 occasion), pas une rédaction digne de ce nom ne laisserait passer une
 telle aberration. Votre exemple revient donc à partir de l'hypothèse
 « Si les poules avaient des dents... ». S'il fallait l'écrire dans un
 > texte général, cela se ferait visiblement au long, et en faisant
 usage des symboles correspondant aux unités dans les autres cas (dans
 un texte technique).

Bon, et les abréviations extemporanées, c'est pour quel genre de textes ?
Les romans policiers ?



Voyez plus haut, un exemple de situation où l'emploi d'abréviations est tolérable : symb. [...] abrév. évent. (textes plutôt techniques, dans des échanges pas très formels, etc.). Enfin, dans un texte technique ou didactique, lorsqu'un terme revient très fréquemment, on peut utiliser une abréviation pour celui-ci. C'est le cas notamment des dictionnaire. Le Petit Robert, par exemple, en utilise de nombreuses qui sont listées en bonne place. Ceci n'a pas lieu dans le cas d'un roman. Si vous comparez les abréviations utilisée dans les différents dictionnaire, attendez-vous à y trouver quelques différences, car il y a là, comme je l'ai expliqué au début, matière à appréciation, et cela, alors même qu'il s'agira dans tous les cas d'abréviations bien formées, c'est-à-dire selon les règles.

   Jacques Melot



Dominique