On 15/03/2015 1:46 PM, Jacques Melot
wrote:
Le 15/03/15, à 12:20 +1100, nous recevions de Marion
Gevers :
On 13/03/2015 9:06 AM, Jacques
Melot
wrote:
Re: [typo] Rotativement
perplexe
Le 12/03/15, à 17:32 -0400, nous
recevions de Thibaud de La Marnierre :
Les dinosaures finiront par
mourir, ainsi
que la langue française. Souffrez qu'en attendant leur mort,
ils
continuent de la parler et de l'écrire.
[J. M.] D'autant que ce sont eux
qui ont
initié la liste, il y a vingt ans, et y ont activement
participé
pour lui faire atteindre le niveau de qualité auquel elle est
parvenue. On y a vu des développements mémorables, novateurs,
qui,
depuis quelques années, malheureusement, manquent un peu. Je
pense,
au recherches et discussions sur l'origine du signe @ et
l'étymologie du mot arrobe, ou encore sur le pourquoi
du choix
des noms Astérix et Obelix par Goscinny (il y a un rapport
avec la
typographie !), sur l'inanité de la « conjonction » et/ou, sur
la tradition d'accentuation partielle des capitales dans
l'imprimé
français, sur l'origine de la convention de non-accentuation
des
majuscules en français, sur la virgule après le numéro de rue
dans les adresses, sur l'utilisation de Mr plutôt que M. comme
abréviation de « Monsieur », sur l'orthotypographie des
langues
autres que le français, etc.
J. M.
Ne voulant pas chercher de
querelles
publiques, je suis pourtant perplexe et même irritée par cet
usage
anglais du mot "initier", qui jusqu'à preuve du contraire
(et je viens de vérifier dans le Robert), ne signifie pas
commencer,
mais bien enseigner quelqu'un aux arcanes d'un art, d'une
science ou
d'une conniassance quelconque.
Je n'ai pas entièrement raison... Il s'agit d'enseigner À quelqu'un
LES arcanes [...] d'une connAIssance quelconque. J'avais à l'esprit
le mot "initier" qui, une fois remplacé par le mot "enseigner",
exige une tournure de phrase différente ! Mea culpa.
[J. M.] Vous avez entièrement raison ! Vous voyez,
si ça m'arrive à moi, qu'en est-il des autres ? Non, je
plaisante. On peut toujours raconter n'importe quoi pour
s'excuser,
n'est-ce pas, et c'est le plus souvent invérifiable. Tout cela
pour
dire qu'en écrivant « initié la liste », j'ai hésité
l'espace d'un instant, vaguement mal à l'aise par cette
formulation,
mais n'ai pas eu la présence d'esprit de m'y attarder un peu
plus. Si je l'avais fait, je me serais sûrement exprimé
autrement.
Marion
Comme pour bien d'autres faux amis
(en
anglais comme en français), je me bats pour maintenir le sens
français du mot et ne pas bêtement opter pour la facilité et
traduire sans réfléchir de l'anglais au français (je suis
traductrice de profession). Je constate que dans la presse
française, on n'a plus d'avenir : on n'a plus qu'un futur,
calqué
sur le "future" anglais.
[J. M.] Exactement, et cela commence à échapper à
des gens instruits, qui parlent bien leur langue et qui,
manifestement, ne se vautrent pas dans l'anglomanie.
Ces anglicismes foisonnent : « faire
sens » (angl. make sense) a pratiquement supplanté
avoir un sens, on briefe et on débrife, les entraîneurs
sont
des coach, terme que l'on étend à tort et à travers à
d'autres activités, on ne sait plus ce qu'est un tireur
embusqué,
on parle de tsunami -- en prononçant a première syllabe
tsou à l'américaine qui plus est, persuadé de prononcer à
la japonaise (en japonais ce u est prononcé comme le u
français), et tous les emprunts à l'anglais que l'on avait
francisé de longue date sont rendus à la langue d'origine, ne
prononçant plus iceberg « isberg » (qui avait
l'heur de coïncider avec la prononciation du mot suédois
isberg, qui a servi aux anglophones à construire le calque
iceberg), ne prononçant plus puzzle
« peuzle », ne prononçant plus side-car
« cidecar » -- à quand le retrait de paquebot au
profit de packet-boat ? Les avions ne s'écrasent plus,
ils se crashent, la maladie du charbon, brusquement, en 2001, à
pris, sous l'influence de l'anglais et avec la bénédiction du
Monde, le nom d'anthrax qui désigne en français une
affection
totalement différente, moins connu aussi ces talibés qui sont
devenus des talibans comme on les nomme en anglais,
l'Arabie
séoudite est devenue subrepticement saoudite, les
Iraquiens sont maintenant des Iraqi, les qualificatifs
désuet,
suranné, vieilli, périmé, démodé, archaïque ont subi
une brusque baisse d'usage au profit d'un obsolète, pris
à
l'anglais et qui, en français, n'a même pas le sens exact qu'il
avait en anglais, ayant perdu dans l'esprit de la plupart des
Français le caractère incohatif qui faisait son seul intérêt,
etc., sans oublier ce standing ovation dont j'ai parlé
tout
récemment ici.
Et tout cela en fermant les yeux sur le caractère
discriminatoire irréfragable de ces pratiques, car c'est laisser
sur
le bas-côté de la route toute cette partie de la population
française qui ne connaît pas l'anglais et qui pourtant a tout
autant
le droit de comprendre. Et ce, d'autant qu'elle paye une
redevance
pour l'audiovisuel qui est le principal responsable de ces
dégradations de la langue, avec les médias en général, publicité
comprise.
J. M.
Ou alors, j'ai raté un épisode !
Marion
--
Marion
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