Re: Justif optique & consorts

[Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>]

At 17:07 +0100 6/02/98, Thierry Bouche wrote:
>Reflexions sur la justification optique, et les paires d'approches
>« spéciales ». -- suite à une conversation de ce matin sur la liste gut.
>
Tiens, v'la qu'on parle à nouveau de typographie sur la liste Typo... Merci
à Thierry. Parce que franchement (et comme le gentil « jeune Paul », les
débats de France-Langue transportés sur Typographie, je commençais à en
avoir ma claque ;-))

>Il n'y a pas en TeX de caractères de fin ou de début de ligne (comme
>il y a un caractère de fin ou de début de mot). Et encore moins pour
>les autres programmes qui tout au plus ont l'approche avec le
>caractère espace.  Pourtant, pour ceux qui s'intéressent à la
>justification optique, ce serait une avancée considérable
>
J'avoue avoir beaucoup de difficulté à imaginer à quoi peut bien servir un
caractère de fin de mot. Un mot se termine par une espace ou par un signe
de ponctuation, non ? Il y a là une TeXerie bizarre que j'aimerais qu'on
m'explique ;-).

Gestion des fins de lignes : alors là oui, mille fois oui, y'a un problème.
Pour s'en apercevoir, il suffit de prendre une page (qu'on a soit-même
fabriquée, histoire d'avoir l'oeil plus critique !) et de la regarder _à
l'envers_. J'avoue que c'est un problème qui m'a longtemps tracassé, mais
que j'avais laissé tomber faute de savoir le formaliser.

Ça saute aux yeux, ça crève l'oeil, ça fait vachement mal : la ligne
verticale de gauche (fin de ligne, qui était de droite quand on tenait la
page à l'endroit) est toute tordue, ondulée, merdique. Le pire, c'est quand
il y a une césure ou un signe de ponctuation, mais bon : dans l'ensemble,
ça va pas. Et puis, si une lettre de fin de ligne s'avise (la laide) d'être
en ital, c'est pire que le pire... Elle DÉPASSE.

L'expérience est intéressante à mener sur plusieurs pages de plusieurs
livres ou revues, issues de logiciels différents. On s'aperçoit alors que
le logiciel n'est _pas_ réellement en cause, que c'est la police qui
merdoit, et donc qui onduloit vilainement. Enfin, il n'est pas tout seul en
cause... Les polices les mieux dessinées sortent un peu du lot (mais
guère). Les seules qui s'en tirent avec les honneurs n'ont guère de
mérite : ce sont des polices non-inclinées, telles les didones.

La police et ses talus d'approche, donc, ou la gestion par les softs. Bref,
quelque chose ne va pas.

Et je ne crois pas que le couple bounding-box/AFM soit à mettre en cause :
ce machin-là fonctionne comme il fonctionne, pas trop bien. Les « huit
boîtes » de Calamus en sont un substitut rigolo et astucieux, mais bon, le
principe est le même. Et Michel Bovani a bien raison de montrer la limite
de ce genre d'approche (si j'ose dire ;-)).

>l'étape suivante : un système expert de placement des caractères en
>fonction de leurs formes et non de leurs « chasse »).
>
C'est l'idée de « l'enveloppe », plus ou moins, non ? Une enveloppe
« améliorée » par une analyse de la position de la lettre (par exemple en
fin de ligne).

>(en demandant un travail incroyable aux typographes qui devraient
>concevoir cinq métriques pour une lettre : début ou milieu fin de mot
>ou ligne
>
Est-ce que ce n'est pas ce que faisaient certains programme de photocompo,
dans lesquels il n'y avait pas de métrique caractère par caractère, mais
uniquement des paires d'approches relatives au cadratin ?

>-- alors qu'à l'heure actuelle ils ne prennent même pas la
>peine de créner les signes diacrités ou les capitales entre
>elles... -- il est certain qu'il serait préférable qu'un programme
>preine ces choses en charge s'il est capable de le faire bien).
>
Et on retombe toujours sur le même problème, hélas ! Comment peser sur les
décisions (ou les absences de décision) de l'industrie ?

Alain Hurtig                                         mailto:alain.hurtig@xxxxxx
-------------------------------------------------------------------------------
Si vous pensez avoir enfin trouvé la solution, eh bien ! une bonne nuit
de sommeil et il n'y paraîtra plus.
    Brigitte Fontaine