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Message : Re: & per le << et >>... (Jacques Melot) - Jeudi 12 Mars 1998 |
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Subject: | Re: & per le << et >>... |
Date: | Thu, 12 Mar 1998 08:46:29 +0000 |
From: | Jacques Melot <melot@xxxxxx> |
Le 12/03/98, à 2:32 +0000, nous recevions de Olivier RANDIER : >>Jacques Melot wrote: >>> >>> Voici un message, que j'ai expédié en novembre 1996 à FRANCE-LANGUE, et >>> qui, je pense, a maintenant sa place dans le forum TYPOGRAPHIE. Il concerne >>> l'étymologie du nom esperluette pour le signe &. >>> >>> C'est une étymologie dont je suis l'auteur, n'est qu'une simple >>> hypothèse qui reste à prouver. Comme vous le verrez elle est malgré tout >>> tentante. Je vous la donne pour ce qu'elle vaut. >>> >>L'autre Jacques répond : >> >>J'ai émis une autre hypothèse tentante... >> >>De mon coté, j'ai publié ensuite (rapport de recherche Inria 892, >>décembre >>1994) une note où je signalais qu'effectivement il y a ressemblance >>avec ampersand qui selon B.L. Ullman(*) (_Ancient writing and its >>influence_, >>Cooper Square Publishers inc., New York 1963) vient de "and per se and" >>mélange d'anglais et de latin voulant donc dire « et à lui tout >>seul et ». Grevisse signale donc la même origine « et perlu et ».C'est >>moi qui marque perlu qui ne veut rien dire. Tu proposes >>> « & po(u)r l'et », >>et Grevisse(*) « et puis le ête ». >>Je me demandais si, sans preuve, ce ne serait pas plutôt >>« et per lui et » c'est-à-dire « et (gardant évidemment l'idée qu'il >>s'agit du caractère que l'on mettait à la fin de l'alphabet après le >>Z et donc introduit par la conjonction et) le caractère unique >>qui à lui tout seul vaut "et" », c.a.d. la même chose que >>« and per se and » ! >>Des médiévistes à qui j'en ai causé pensent que cet emploi du latin >>per est très plausible. > >C'est marrant, mais j'ai retenu exactement la même étymologie que toi : « >et, per lu(i), et ». Je n'arrive pas à me rappeler si je l'ai lu quelque >part, mais je ne crois pas. Non, non, pas la peine de l'avoir lu, les grands esprits se rejoignent... >Simplement, j'avais appris incidemment celle >d'« ampersand » et, un jour, l'évidence pour esperluette m'a sauté aux yeux. C'est que c'est évident... ou à peine caché. Je n'ai pour ma part jamais eu l'impression de faire là une grande découverte, même si j'en ai éprouvé de la satisfaction. >Reste qu'elle n'explique pas l'« s » d'« esperluette ». Le terme à cette forme vraisemblablement par contamination (de « pirlouette », etc.) et pour d'autres raisons phonétiques ou linguistiques. En effet, n'oublions pas que « tribord » vient de la réduction de « estribord », venant lui-même du germanique septentrional (j'en ai un peu marre de dire de l'islandais, on va finir par croire que...) « stýriborði » (ý est y accent aigu, ð est edh, translit. dh), de « stýrimaðr », pilote (d'un navire) parce que le pilote (le second) manoeuvrait en regardant vers le côté droit (lorsque l'on regardait vers la proue) et « borð » bord d'un navire (c'est aussi le mot pour « table » ; manger, en islandais, se dit « borða », soit « tabler » ! Avant on disait « eta », mais comme dans les campagnes « éta » signifie « bouffer », le viking des villes a fait la fine gueule et changé son vocabulaire). « Stýri », gouvernail, « maðr », homme. Donc ce « styribordhi » par métathèse (interversion de lettres) a donné « estribord », puis « tribord », un phénomène à comparer à « especiel » du vieux français relativement au moderne « spécial ». (Le mot « bâbord » vient de « bakborði », le pilote manoeuvrant en ayant le côté gauche dans le dos, « bak ».) On ne s'étonnera donc pas - je termine sur une pirouette - qu'une des variantes de « esperluette » soit « perluète » (probablement par contamination de l' exercice de gymnastique auquel je viens de me livrer), une autre « éperluette » et j'ai même vu, tenez-vous bien, « experluette » ! Comme quoi i'en a qui ont pas froids aux oeufs, tout de même ! De même « esturgeon », en vieux français (comme en anglais) est « sturgeon », du germanique ; en islandais, « stýrja » (gouverner, avoir le en main le « stýri », c'est-à-dire le gouvernail), d'ailleurs « gouvernement » se dit « stjórn » et le mot moderne pour « tribord » est maintenant « stjórnborði ». De même « la politique » se dit « stjórnmál » (le discours sur l'art de gouverner ; « mál », le langage, en allemand « Maul », la « gueule », question de conception, quoi...) De quoi on parlait déjà ? Ah oui. Donc le nom Entoloma lividum est conservable. CQFD. Amicalement, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx > >Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx > http://perso.wanadoo.fr/thierry.vidal/ >Claviers et scripts WorldScript translittérés pour faciliter la composition >des langues est-européennes, du grec et du cyrillique.
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- Re: & per le << et >>..., Jacques Andre (11/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jacques Melot (11/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Olivier RANDIER (12/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jacques Melot <=
- Re: & per le << et >>..., Jean-Pierre Lacroux (11/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jacques Melot (11/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jean-Pierre Lacroux (11/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jacques Melot (12/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jean-Pierre Lacroux (12/03/1998)
- Re: & per le << et >>..., Jacques Melot (12/03/1998)
Re: & per le << et >>..., JD Rondinet (11/03/1998)