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Message : ambigu-ite' (fut : Re : Qu'est-ce qu'un tre'ma ?)

(Olivier RANDIER) - Jeudi 30 Avril 1998
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Subject:    ambigu-ite' (fut : Re : Qu'est-ce qu'un tre'ma ?)
Date:    Thu, 30 Apr 1998 04:45:46 +0200
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>A 12:06 98-04-28 +0200, Thierry Bouche a écrit :
>» (je pense en particulier à fï : est-ce
>» possible en français, en autre chose ?)
>
>   [Alain] :
>   Non... le rôle du tréma en français (contrairement à l'umlaut en
>allemand) est de marquer une nette séparation sonore entre la voyelle sur
>laquelle il se trouve et la *voyelle* qui précède... Aucune lettre munie
>d'un tréma ne suit une consonne en français, sauf (je fais la nuance)
>depuis 1975, où l'Académie française a béni la faute sur les « ü » dans des
>mots comme « ambiguë » (orthographe correcte pré-1975), parce qu'un grand
>nombre de personnes, et même d'auteurs célèbres, écrivaient plutôt
>« ambigüe », comme si on ne leur avait jamais enseigné à l'école le rôle du
>tréma (ce qui est par ailleurs fort possible)... mais ni Grevisse, ni aucun
>dictionnaire qui se respecte, n'a suivi cet usage... et, douce vengeance,
>lors de la dictée des Amériques, il y a deux semaines, on a considéré un
>tel cas comme une faute (« aigüe » ou « ambigüe », je ne me rappelle
>plus)... et c'était sans appel...

Ben, justement, moi je trouve que ce tréma sur le « e » de ambiguë est bien
ambigu, justement. J'avoue que j'ai toujours une hésitation. Parce que la
« nette séparation sonore entre la voyelle sur laquelle il se trouve et la
voyelle qui précède » n'est pas évidente, vu que ladite voyelle (celle sur
laquelle il se trouve, vous suivez au fond ?) ne se prononce pas. Au
premier abord, j'ai toujours envie de prononcer [gu-é].
En fait, je suppose que le tréma indique plutôt que la diphtongue attendue
est disjointe, ce qui, par cascade, entraîne une modification de la
prononciation du couple g-u. Reste que cette cascade est un concept un peu
tiré par les cheveux et pas évident à faire passer. J'imagine que les
instituteurs ont du mal à faire entrer cette difficulté dans nos chères
petites têtes blondes (tiens, encore une expression raciste...).
Bon, je trouve que la solution de nos têtes chenues ne résout rien et ne
fait qu'ajouter à... l'ambiguïté.

J'oserais proposer une solution hardie (pas taper !) :
puisqu'il s'agit d'indiquer que le u ne sert pas ici à durcir le g (il le
durcit quand même, mais pour d'autres raisons), mais qu'il se prononce
indépendament du e muet qui le suit, pourquoi n'y aurait-on pas mis un
accent grave, pour spécifier à la fois que la lettre prononcée est le u et
que la diphtongue est disjointe (en français, il n'y a aucune diphtongue
comportant une lettre accentuée).
Certes, l'accent grave indique en français que la voyelle est « allongée »,
(ce qui donnerait [ou], je suppose), mais la prononciation de ce couple
étant délicate, n'a-t-on pas déjà tendance à « allonger » ce u (mais sans
en changer la valeur) ?
Je trouve que ce serait beaucoup plus parlant graphiquement, l'accent grave
indiquant où « tombe » la prononciation. Ça éviterait le diacritique sur
une lettre en fait muette, et ça ferait un usage de plus pour le ù dont
certains se plaignaient ici récemment qu'il ne servait que par la locution
où :-)
Ce qui nous donnerait :
aigù, aigùe,
ambigù, ambigùe.
Pour ambiguïté, j'hésite : serait-il logique de rajouter l'accent grave ?

Qu'en pensez-vous ? Est-ce le rhum cubain qui cogne trop fort ou cette
solution pourrait-elle vous agréer ? Y a-t-il ici des linguistes,
philologues ou phonéticiens qui pourraient nous éclairer ?
Alain, exceptionnellement (sic), je t'autorise à faire suivre à France-Langue.

J'ajoute que si on étend l'idée, il serait possible d'en profiter pour
éradiquer le ÿ (y tréma), ce qui nous évitera une guerre avec les
néerlandais au sujet du Y tréma capitale :
L'hày-les-Roses et Pierre Loùys.
Mais là, j'exagère peut-être un peu...

>   À part sur le u, il semble que cette difficulté n'existe pas en français
>(ce n'est pas une faute répandue)... Donc pour le i, jamais de tréma après
>une consonne, et idem pour le e...

Et avec « ma » solution, cette règle ne souffrirait plus de l'exception du
« u ».


Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
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