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Message : Re: Justif' verticale et autres offenses

(Alain Hurtig) - Dimanche 22 Août 1999
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Subject:    Re: Justif' verticale et autres offenses
Date:    Sun, 22 Aug 1999 12:11:12 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxxxxxxx>

At 10:11 + 0200 21/08/99, Michel Bovani wrote :
>s'il y en a
>quatre ou plus, à mon avis c'est plus très grave (c'est peut-être pas
>plus mal même de renoncer au registre). S'il y en a deux ou trois, ça
>peut être franchement gênant.
>
Bon, j'ai lu attentivement les contributions de Michel et de Franck. J'ai
failli écrire plein de trucs désagréables sur TeX, et puis je m'en
abstiendrai parce que :
1. C'est hors charte de discuter si longuement d'un logiciel, et ce n'est
parce que l'animateur est manifestement parti faire de la pêche sous-marine
qu'il faut en profiter.
2. Je suis quand même assez admiratif du travail de TeX en général, et ce
serait injuste.

Je veux simplement dire ceci : quand on compose un livre, on ne peut, ni ne
doit _jamais_ renoncer au registre. C'est une faute, à la fois une faute de
goût et une faute contre le lecteur. C'est toujours une faute contre le
texte qu'on est supposés servir (notre métier est un métier de service,
faut-il le répéter !).

Je sais bien que c'est dur. Je sais bien que ce n'est pas toujours
possible. Je sais bien qu'il y a des exceptions. Je sais bien qu'on a des
DA qui nous imposent des maquettes absurde ou aberrante (il n'y a qu'à se
balader dans une librairie et ouvrir les bouquins pour s'en apercevoir). Je
sais...

Mais dans tous les cas, on se _démerde_.

On respecte le gris, et l'homogénéité des pages. Des doubles pages d'abord
(à quoi ça ressemble, une page de gauche où les interlignages et les
inter-paragraphes n'ont pas la même valeur qu'à la page de droite ?), de
l'ensemble des pages ensuite.

Qu'il y ait des robots qui nous donnent de l'aide, qui fassent des
suggestions, qui automatisent le boulot : très bien, ils sont là pour ça,
et j'aimerais avoir un peu plus de ces robots-là - je n'ai pas que ça à
faire que de récupérer les conneries que génère mon soft de mise en pages,
et encore je ne les récupère pas toutes !

Qu'ils contreviennent sciemment aux règles, ça ne je ne suis pas d'accord.
Que le manuel explique que c'est comme ça qu'il faut faire, je le suis
encore moins.

Je me souviens que Jean-Pierre Lacroux m'avait expliqué (c'était au premier
« dîner des typographes » *) qu'on pouvait gaillardement supprimer une
ligne en bas d'une page, si ça permettait de flinguer une veuve ou une
orpheline. J'en ai failli avaler de travers l'excellent accra que j'étais
en train de manger... À la réflexion, il est probablement des cas
(rarissimes) où on peut faire ça. Mais dans la compo courante (et pourquoi
un livre de maths n'en ferait-il pas partie ?), on ne le peut pas : jamais,
et même quand une formule alambiquée termine une page.

Ben oui, c'est compliqué de se démerder. ça prend du temps et ça donne du
souci. Et comme personne ne voit quand c'est bien fait, personne ne nous
remercie jamais (on se fait juste engueuler quand c'est moche). Mais si
c'était simple à faire, ça se saurait, non ?

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* Au fait, on en fait un cette année, de « dîner des typographes » ? Qui
l'organise ?

Alain Hurtig                                    mailto:alain.hurtig@xxxxxxxxxxx
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Recherchons les enfants, les parents des enfants, les enfants des enfants,
les cloches du printemps, les sources de l'été, les regrets de l'automne,
le silence de l'hiver.
   Philippe Soupault, _Un deux ou trois_.