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Message : polices CM (fut Re: Justif' verticale et autres offenses

(Thierry Bouche) - Lundi 23 Août 1999
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Subject:    polices CM (fut Re: Justif' verticale et autres offenses
Date:    Mon, 23 Aug 1999 13:34:16 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

» 
» Bon si allez : c'est quand même drôlement efficace pour composer des maths.
» 

préciser : avec TeX, et dans le style américain (maths en ital). Parce
que sinon...

C'est effectivement la seule police qui ait une fonte spéciale pour
ça, dessin légèrement modifié, mais surtout approches, métriques
conçues pour que les algos de TeX placent les
indices/exposants/accents là où il faut. Avec un autre logiciel, ou si
on lui demande un autre style de maths, on a rigoureusement les mêmes
difficultés qu'avec d'autres polices plus jolies. 

Ça explique aussi pourquoi elle règne avec une telle hégémonie sur les
documents en TeX : c'est un logiciel qui a été développé, testé,
utilisé par son auteur uniquement avec cette police (bon d'accord, il
y a aussi le fameux concrete+Euler de Concrete maths, mais Knuth
soi-même a beaucouop bataillé et dû bidouiller les fontes pour obtenir
quelque chose qui le satisfasse). Au bout du compte, on a une police
aux métriques aberrantes, et un logiciel qui fonctionne mal si les
métriques qu'on lui fournit ne reproduisent pas les mêmes
aberrations. J'ai pour ma part fait une partie de ce travail absurde
pour deux systèmes (Utopia+Lucida, Minion+CM), soit plusieurs jours de
travail. Je sais que les métriques de MathTime sont un compromis avec
des approches excessives pour ne pas demander à TeX l'impossible
(i.e. faire de la typo serrée, avec une fonte aux approches minimales
et peu de blancs horizontaux : ce qui conviendrait à Times) : on a
donc un texte dense, et des maths plus aérées. 

On peut rêver d'un système qui fasse du "crénage optique" y compris
pour les indices/exposants/symboles, et entre caractères provenant de
fontes distinctes (grec/romain, p. ex.), mais les bétas d'InDesign
(qui étaient vraiment très bêtas !) ne sont guère encourageantes, et
ce travail ne me semble engagé chez aucun des successeurs de TeX...

À la limite, les petites irrégularités que l'on peut produire en
utilisant TeX à contre emploi (c'est-à-dire sans fonte spécifique pour
les maths, mais en mettant bout à bout des caractères d'origine
diverses) ont un charme certain. Surtout quand on utilise le style
français qui mélange beaucoup de caractères, graisses, inclinaisons
différents. J'ai un prototype en Sabon qui me plaît pas mal pour ça :
on arrive quasiment à reproduire les défauts des logiciels de PAO avec
TeX, ce qui est pour mon esprit pervers une sorte d'accomplissement.


Thierry Bouche, Grenoble.