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Message : Re: Ligatures - Premiere partie (Olivier RANDIER) - Lundi 07 Février 2000 |
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Subject: | Re: Ligatures - Premiere partie |
Date: | Mon, 7 Feb 2000 01:15:58 +0100 |
From: | Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx> |
>At 18:30 + 0100 4/02/00, Thierry Bouche wrote : >>Mon sentiment est que les ligatures typographiques relèvent vraiment >>de la micro-typo pour elle-même. >> >Mon sentiment est tout à fait inverse. > >Je vois (dans la pratique actuelle, il ne s'agit pas d'un point d'histoire) >3 types de ligatures. > >[Pour l'intelligibilité de ce qui suit, j'appelle ligature tout groupe de >lettres (généralement, il s'agit de paires, mais pas toujours) qui peuvent >avoir un dessin spécial. En général, ces lettres sont attachées entre >elles, mais par extension, je nommerai plus pas « ligature » des doublets >ou triplets non attachés. > >------------------- >A. Les ligatures (et assimilées) rigoureusement alphabétiques. >Elles sont parfois matériellement liées ({oe} en est un bon exemple), >parfois séparées ({ij} en néerlandais, {ch} en breton, etc.) et leur emploi >est obligatoire. Elles n'entrent pas dans mon propos, qui n'est pas >d'examiner dans quels cas il est licite de faire une faute >d'orthographe ;-). À la limite, je me demande même pourquoi on appelle ça >des ligatures (après tout, personne ne prétend que le {w} est une >ligature ! Pourtant, c'en est une...) Personnellement, je parle dans ce cas de lettres ligaturées, pour plus de clarté. On pourrait d'ailleurs dire qu'une bonne partie de nos diacrités sont à l'origine des ligatures au sens médieval : ç (c avec z souscrit), lettre avec circonflexe ou humlaut. Sans parler du ß (slong-z en gothique et en linéale, mais slong-scourt dans certaines garaldes-réales-didones, bizarrement). Tout à fait d'accord que ces ligatures relèvent de l'orthographe. >------------------ >B. Les ligatures que j'appellerais technico-esthétiques. >Certaines lettres, placées côte à côte, présentent un défaut de dessin : >typiquement, le {f}, dont la boucle surplombe le contre-poinçon (une panse >vide, en fait) et vient parfois se cogner contre la lettre suivante >(classique : {fi}, {fl}). À la limite, on pourrait classer les approches >par paire (le « kerning ») comme une forme de ligature : tout se passe >comme si une paire de lettre avait été fondue spécialement ({AV} et {VA} en >sont de bons exemples). > >Ce type de ligatures semble tomber en désuétude (à l'exception du kerning), >mais c'est à mon avis à tort, puisqu'elles seules permettent une >composition soignée : chaque fois que nécessaire, on devrait les employer. Pour moi, ces ligatures restent obligatoires chaque fois que la fonte l'exige. Un fi en garamond ou en Baskerville sans ligature est aussi inacceptable dans une composition soignée qu'une chiure de mouche. Mais c'est vrai que ça devient difficile à imposer, ce qui est d'autant plus étonnant que c'est très simple à mettre en oeuvre dans [censuré] (pour fi et fl, du moins) et que c'est encore plus indispensable en typographie numérique que ça l'était au plomb où au moins la goutte et le point du i ne risquaient pas de se chevaucher. >2 remarques sur les dessins de lettres modifiés : >1) Si l'emploi de ces ligatures ne tient pas au contexte ni au sens (qu'on >compose un roman ou une page de publicité, c'est pareil), il est largement >déterminé par le dessin de la police. Je ne connais pas de linéale qui ait >besoin qu'on ligature {f} avec une autre lettre, par exemple. Il y en a au moins une, le Gill (surtout en italique). >Il est d'ailleurs probable que la majorité des caractères dessinés après le >Didot ne l'exigent pas (le Didot lui-même n'en a guère besoin, au moins en >romain - je me demande si la « faute » de lecture du fils de Thierry ne vient >pas de là...). Je persiste à ne pas être d'accord avec ça. En Didot et en Bodoni, avec une approche normale, la goutte du f est trop près du point du i ou du sérif du l. Certes, elle ne la touche pas ni même ne la croise, mais elle est quand même esthétiquement trop près. C'est bien pour ça qu'il y a des ligatures dans une casse de Didot, tu en sais quelque chose ;-) Par contre, je suis d'accord qu'à partir des didones, il suffirait d'une légère modification du dessin du f pour rendre cette ligature inutile. Dans certaines mécanes, on trouve une ondulation de la boucle du f (en forme de point d'ironie) dont le but évident est de rendre caduque la ligature. C'est une solution astucieuse et parfois élégante, qui peut même être appliquée à des caractères de style plus ancien (mais je ne me vois pas faire ça à un garamond). C'est dans ce cas un choix du dessinateur du caractère. Reste que pour Didot et Bodoni, ce choix n'a pas été fait à l'époque. L'usage de ces ligatures relève pour moi de l'orthotypographie, tant qu'un choix contraire n'est pas manifeste dans le dessin de la lettre. >2) Le jeu de caractères à ligature « technico-esthétique » livré en >standard est ridiculement petit. {fi} et {fl} pour la plupart des polices, >{ff}, {ffi} et {ffl} pour les rares polices Experts. Olivier a signalé la >nécessité des ligatures {fj} et {f-lettre accentuée}, mais il y en a >forcément d'autres. Pas tant que ça, en fait. Seules les lettres avec descendantes et ascendantes surplombantes sont concernées. Soit f, j, peut-être g et y, ainsi que F et T. Occurrence assez rare : QJ, si le J a une descendante. N.B. -- Tu trouves en plus les ligatures du slong dans les alternates. (Sauf que : non, Olivier ! Ce n'est pas un problème de >langue ! Une police doit être universelle, et d'ailleurs l'occurrence {fj} >est peut-être plus fréquente que l'occurrence {ff¬), qui est rarissime.) buffle, siffle, souffle, bouffi sont plus fréquents que fjord... Je suis bien d'accord. Reste que ce travail n'a jamais été fait (à moins que Tiro ?...) parce que ça suppose de connaître toutes les occurrences possibles dans toutes les langues latines. Et qu'en français, l'occurrence {f-ohungarhumlaut] est quand même assez rare... Mais si tu veux te lancer dans une telle recherche, il est certain que ça m'intéressera énormément pour mon projet de fonte « encyclopédique » (j'avance très lentement, notamment sur le grec). >Certaines polices nécessiteraient une ligature sur {Ti}, d'autres non. >C'est un exemple... > >Serait-il possible de dresser une liste des lettres ayant besoin d'être >ligaturées ? Ce serait très intéressant (et je crois qu'un forum comme >notre liste est l'endroit idéal pour ce type de travail). > > >----------------- >C. Les ligatures purement esthétiques. > >Partie non encore rédigée, à venir (disons demain ou mardi, mais juste là >je crois en avoir fait assez pour lancer le débat). >--------------- Tu oublies, à mon sens, les ligatures contextuelles. Certes, elles sont en principes réservées à d'autres graphies comme l'arabe, mais on ne peut pas totalement les ignorer pour les scriptes latines élaborées (genre Champion, Poetica). Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie illustrative).
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