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Message : Re: sz ou ss ? (Ètait : Histoire de faire hurler J. Melot & Schlechtbleibung)

(Jacques Melot) - Lundi 18 Février 2002
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Subject:    Re: sz ou ss ? (Ètait : Histoire de faire hurler J. Melot & Schlechtbleibung)
Date:    Sun, 17 Feb 2002 23:48:15 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 17/02/02, à 23:48 +0100, nous recevions de Olivier RANDIER :

 >  Le 15/02/02, à 14:59 +0100, nous recevions de Nils Gesbert :

C'est curieux, dans la Palatino Linotype ce caractère est une ligature s
long-s court
(alors que dans la Palatino standard PostScript par exemple, et dans la
plupart des polices latines, sa forme correspond plutôt à une
« latinisation » du s long-z gothique, comme si on avait pris ce caractère
sans savoir que c'était une ligature et qu'on l'avait « ramolli » pour lui
ôter son aspect gothique).

    Sans trop vouloir m'avancer, le fameux double s fut utilisé dans
les langues romanes avant de passer en gothique. Et dans l'écrit
roman c'est bien une ligature s long-s court.

Tu as des exemples à montrer ?



   Nein, aber... das... habe ich gefunden :

Ligatur (Buchstabenverbindung)

Verbindung von zwei oder mehr Buchstaben, wobei i.d.R. Teile der Buchstaben zur Deckung gebracht werden. Die Grundform der Buchstaben kann zur Bildung der L. auch verändert werden. Zunächst in der Spätantike am Zeilenende zum Randausgleich benutzt, in der Kursive und in späteren buchschriftlichen Alphabeten oft zur Beschleunigung der Schreibgeschwindigkeit dienend, wird sie in der einzelnen Schriftart nach bestimmten Regeln angewandt. Besonderer Ligaturenreichtum ist in epigraphischen Schriften festzustellen, wobei bisweilen sogar die Schriftrichtung umgekehrt werden kann. Aus den handschriftlichen Vorlagen auch in die Schriftsätze des Buchdrucks übernommen; im Dt. nur noch & in Verwendung, in anderen Spr. æ, Ï. Auch ß ist URSPRÜNGLICH eine ligatur aus einem S in der langform und einem RUND - S. SZ ist eine VÖLLIG AHISTORISCHE, nur am ERSCHEINUNGSBILD und nicht an der Genese orientierte Bezeichnung.

http://www.uni-bamberg.de/~ba5hh1/hilfswiss/schriftarten2.html#lig

Voir éventuellement aussi Lexikon des gesamten Buchwesens (2e éd..), IV, p. 544, Ligatur im Buchdruck, par Severin Corsten.

   Voilà qui répondra à un certain nombre de tes questions.


(Un peu d'allemand ici ne fera pas de mal. Puisqu'ils ont fait une croix sur leur langue, sauvons les germanophones malgré eux... car les sauver, c'est nous sauver et que charité bien ordonnée commence par soi-même).

    Jacques Melot



Quand tu parles d'écrit roman et de langues
romanes, à quoi te réfères-tu ? Tu crois qu'on trouve beaucoup de
manuscrits en allemand avant la gothique ?
Il faut sans doute aussi tenir compte du fait que l'orthographe n'étant pas
encore fixée à l'époque, l'emploi d'un s ou d'un z n'était pas forcément
significatif.

Sans trop vouloir m'avancer non plus, je suis convaincu que le eszet est
bien à l'origine une ligature slong-z. C'est cette forme-là qui est
utilisée en gothique, sans doute possible. C'est également celle qui est
retenu par les grands typographes qui ont dépassé leurs frontières
alphabétiques (Baskerville, Bodoni, plus récemment Frutiger*).
Lefevre, quant à lui, fait très bien la distinction entre slong-s et eszet,
y compris dans le manuscrit (p. 249-250). Plus exactement, apparemment, il
utilise double slong et eszet, mais pas slong-s. En fait, il n'y a que dans
les fontes romanes strictement latines (d'origine française, italienne, et
dans certaines anglaises) que le slong-s semble faire couramment office de
eszet.
Et encore le fait que l'on ait placé un slong-s à la place du eszet lors de
la numérisation de ces caractères historiques (Garamond, Caslon) ne prouve
pas un tel usage à l'époque, il signifie simplement que le eszet était
probablement absent de la police de la fonte. Même pour le Garamond, on
trouve les deux formes, selon les numérisation.
Question pour Thierry : dans les dessins originaux de O.** Tschichi, ils
sont comment les eszets ?
Enfin, il y a quelques faux-culs qui ont choisi une forme intermédiaire
pour ne pas se mouiller (Peignot***, Post Antiqua, Simoncini Garamond). ;-)
Mon opinion est que cette ligature existait dans les fontes gothiques
utilisées par les Allemands pour la composition de leur langue, mais pas
dans les fontes courantes ailleurs. Lorsque les non-germanophones
composaient de l'allemand pour leur propre usage (donc pas en gothique),
ils utilisaient le slong-s à la place du eszet, parce qu'ils n'avaient rien
d'autre sous la main. Avec le temps, la disparition du slong, puis
l'abandon progressif de la gothique, il s'est produit une contamination de
l'allemand lui-même, au point que la translitérration en SS prévaut
aujourd'hui, alors que le eszet reste orthographiquement discriminant du
double s (mass/maß) (si j'ai bien tout compris), ce qui est paradoxal.
En fait, la question importante pour moi est de savoir si aujourd'hui, la
forme slong-z est encore perçue comme telle par les Allemands, si elle est
encore lisible pour eux, si elle leur paraît préférable ou pas, etc. Vu sa
persistance, malgré tout (voir le Futura, l'Helvetica, le Gill et la
plupart des linéales modernes), j'ai tendance à penser que oui.
Mais je ne demande qu'à être détrompé (je trouve le slong-s plus joli).

  * Frutiger a choisi la forme eszet dans ses créations les plus récentes
(Frutiger), pas dans les anciennes (Univers).
 ** Ocatarinettabella, bien sûr...
*** Je parle de la fonte, bien sûr, je ne me permettrais pas de traiter
Peignot de faux-derche...

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).