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Message : Re: [typo] Capitale universitaire..

(Thierry Bouche) - Dimanche 12 Octobre 2003
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Subject:    Re: [typo] Capitale universitaire..
Date:    Sun, 12 Oct 2003 20:34:58 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Cher Jean-François, juste un mot pour dire que j'ai trouvé très
divertissante la lecture de votre libelle. Vous dépensez une énergie
phénoménale pour défendre l'indéfendable. Justifier le  n'importe
quoi, qui est simplement une somme d'usages désuets entérinés par une
infinie paresse intellectuelle.

Que l'Académie ne légifère pas en matière de typo, c'est un fait. On
peut se demander pourquoi d'autres académies (l'académie royale de la
langue espagnole, p. ex.) publient une _Orthographe_ qui contient
assez largement ce qu'ici on appellerait des recommandations
d'orthotypo. Cette différence culturelle de la division arbitraire
entre orthographe (langue, grammairiens) et orthotypo (typo,
imprimeurs) m'a personnellement toujours intrigué, mais je n'ai jamais
vraiment réussi à intéresser quelqu'un d'autre à la question... La
plupart des usages orthotypographiques sont dictés par la clarté de
l'expression, et devraient donc être dans les mêmes mains que la
grammaire, non ?

Le samedi 11 octobre 2003, à 07:39:43, Jean-François Roberts écrivit :

JFR> Pas un lapsus... sourire. Bonne référence en tout cas, qui mérite qu'on s'y
[...]
JFR> Petite remarque préliminaire, qui devrait mettre la puce à l'oreille : ce
JFR> n'est pas un oukase ("On doit accentuer les majuscules : ainsi le veut, le
JFR> commande et le décrète l'Académie.") - mais bien un plaidoyer,

oui, parce qu'on en est là ! Parce qu'il y a la force d'un tradition
contre l'imparable logique de la langue et de la lecture ! Et que
l'habitude et la paresse sont des montagnes immobiles. Votre plaidoyer
à vous ne le démontre que trop !

====

je ne reprends pas votre « démontage » de l'argumentaire de
l'Académie, n'ayant pas d'affection particulière pour cette
institution. Je ne m'attache qu'à votre propre argumentaire, qui me
semble en effet d'assez haute volée...

JFR> La dernière phrase est en soi assez stupéfiante : le tréma et la cédille
JFR> étant assimilés, sans autre forme de procès, aux accents -

sur le plan de l'usage en majuscule, je ne vois pas de raison de
monter sur ses grands chevaux...

JFR> (et en omettant, qui plus est,
JFR> l'apostrophe, pourtant bien plus proche des accents stricto sensu).

la question de l'apostrophe majuscule est en effet d'une actualité
cuisante...


JFR> Venons-en donc au c¦ur de la question : pour les services du _Dictionnaire_
JFR> de l'Académie, il est constant que : "en français, l¹accent a pleine valeur
JFR> orthographique. Son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la
JFR> prononciation, et peut même induire en erreur."

JFR> De fait, si j'écris :

JFR>         theiere,

JFR> il est clair que la gêne est immédiate - lors même qu'il n'y a ici aucune
JFR> ambiguïté. Il est clair, en effet, que le seul mot possible ici est bien :

JFR>         théière,

oui

JFR> et seule l'absence d'accents déconcerte. Un but pour l'Académie ? Pas si
JFR> vite.

JFR> En revanche, si j'écris :

JFR>         THEIERE,

JFR> vous n'aurez *aucune difficulté* à lire le mot, et suppléer les accents.


c'est faux, débile, biaisé, intenable, et j'en passe.

Prenons tache, tâche, taché et TACHE. Le fait que *vous*, à votre âge,
avec vos circuits de neurones complètement grippés, avec votre
psycho-rigidité bien crasse, vous ne puissiez lire que « théière »
quand vous voyez « THEIERE », et même que vous le préfériez, je puis
m'en laisser convaincre aisément. Mais ne me dites pas que c'est une
vérité universelle. Prenez un enfant de 7 ans. Apprenez-lui ces
quelques mots, la correspondance des cap et des bdc. Demandez-lui s'il
reconnaît le mot théière en cap parmi THEIERE, THÉIÈRE, THËIÊRÉ, et
faites-moi savoir sa réponse. Mon fils, quand on lui a appris qu'il ne
fallait pas accentuer les majuscules (et les mots entièrement en cap
également), a été heurté par cela, puis s'y est plié. Imaginez
l'effort considérable et la dose d'illogisme que vous avez dû
vous-même gober à l'époque, avant de devenir le chantre de cette
aberration.


JFR> Quant aux majuscules dans du texte b.d.c., j'attends toujours de voir *un*
JFR> exemple probant de mot français accentué à l'initiale, et pour lequel la
JFR> non-accentuation de la majuscule (initiale, donc) prêterait à confusion
JFR> *réelle*.

ça c'est vrai, on peut trouver des exemples, mais ils sont tirés par
les cheveux. Le problème n'est pas là : à quoi bon, quand on dispose
d'un système simple et lisible, de dégrader le signal _volontairement_
sous prétexte qu'on peut le reconstituer avec un taux d'erreur a
priori quasi nul ??


JFR> Explication : la "valeur orthographique" des accents ne concerne strictement
JFR> que les minuscules (b.d.c.).

Mais qu'est-ce qui vous autorise à dire une chose pareille ?


JFR> Toute équivalence entre b.d.c. et cap. (ou entre majuscules et
JFR> minuscules) est fondée sur un raisonnement fallacieux

du même genre que celui que vous êtes en train de développer ici ?


JFR> D'où la nécessité devant laquelle s'est trouvée la profession (correcteurs
JFR> et typographes) de se doter d'un instrument qui supplée à la carence
JFR> "principielle" de l'Académie en la matière ; ce fut chose faite en 1928,
JFR> avec la première édition du _Code typographique_.

le code typographique est une émanation d'un syndicat de la presse. Il
n'a aucune légitimité (et sa dernière édition lui a de toute façon
retiré toute crédibilité) quant à la langue française en général.



-- 
Cordialement,
 Thierry