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Message : Re: [typo] Capitale universitaire..

(Jean-François Roberts) - Dimanche 12 Octobre 2003
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Subject:    Re: [typo] Capitale universitaire..
Date:    Sun, 12 Oct 2003 21:12:52 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

Allons - c'est vous qui êtes indéfendable. Mais bon : je ne dépense pas une
énergie "phénoménale". Simplement, j'ai trouvé amusant que le texte sur le
site de l'Académie se réduise à l'habituel défilé de poncifs éculés. Je me
suis donc arrêté pour démonter le discours des ayatollahs de l'accentuation.
Libre à vous d'adhérer à leur secte. C'est votre droit le plus strict. Vous
me permettrez de n'être d'aucune obédience. (Je ne connais pas de secte
semblable de "non-accentueurs" des majuscules...)


> De : Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>
> Société : Nonsense Inc.
> Répondre à : typographie@xxxxxxxx
> Date : Sun, 12 Oct 2003 20:34:58 +0200
> À : typographie@xxxxxxxx
> Objet : Re: [typo] Capitale universitaire..
> 
> Cher Jean-François, juste un mot pour dire que j'ai trouvé très
> divertissante la lecture de votre libelle. Vous dépensez une énergie
> phénoménale pour défendre l'indéfendable. Justifier le  n'importe
> quoi, qui est simplement une somme d'usages désuets entérinés par une
> infinie paresse intellectuelle.
> 
> (...)
> 
> JFR> De fait, si j'écris :
> 
> JFR>         theiere,
> 
> JFR> il est clair que la gêne est immédiate - lors même qu'il n'y a ici aucune
> JFR> ambiguïté. Il est clair, en effet, que le seul mot possible ici est bien
> :
> 
> JFR>         théière,
> 
> oui
> 
> JFR> et seule l'absence d'accents déconcerte. Un but pour l'Académie ? Pas si
> JFR> vite.
> 
> JFR> En revanche, si j'écris :
> 
> JFR>         THEIERE,
> 
> JFR> vous n'aurez *aucune difficulté* à lire le mot, et suppléer les accents.
> 
> 
> c'est faux, débile, biaisé, intenable, et j'en passe.
> 
> Prenons tache, tâche, taché et TACHE. Le fait que *vous*, à votre âge,
> avec vos circuits de neurones complètement grippés, avec votre
> psycho-rigidité bien crasse, vous ne puissiez lire que « théière »
> quand vous voyez « THEIERE », et même que vous le préfériez, je puis
> m'en laisser convaincre aisément. Mais ne me dites pas que c'est une
> vérité universelle. Prenez un enfant de 7 ans. Apprenez-lui ces
> quelques mots, la correspondance des cap et des bdc. Demandez-lui s'il
> reconnaît le mot théière en cap parmi THEIERE, THÉIÈRE, THËIÊRÉ, et
> faites-moi savoir sa réponse. Mon fils, quand on lui a appris qu'il ne
> fallait pas accentuer les majuscules (et les mots entièrement en cap
> également), a été heurté par cela, puis s'y est plié. Imaginez
> l'effort considérable et la dose d'illogisme que vous avez dû
> vous-même gober à l'époque, avant de devenir le chantre de cette
> aberration.
> 
> 
Merci. Mais l'invective ne remplace pas le raisonnement. Et votre incapacité
prétendue à lire "THEIERE" risque fort de se retourner contre la crédibilité
de votre thèse. L'accentuation des cap. en tout-cap. sert uniquement à
résoudre quelques cas irréductibles d'ambiguïté, dans tel ou tel contexte :
ça représennte environ 1 % des cas en tout-cap., ce qui est à son tour une
pratique *marginale* en typo (titraille). Le tour de passe-passe consiste à
tirer argument de cette pratique marginale de la titraille pour régenter
l'usage (massivement majoritaire) en typo usuelle (texte b.d.c. et
majuscules). Les conclusions s'inversent, bien entendu, si on part de
l'usage normal, pour envisager le cas spécifique de la titraille apès coup.

Quant aux effets de manchettes sur l'"illogisme" etc., c'est l'erreur
habituelle des tenants des langues artificielles : l'arbitraire du signe, ça
existe, en langue naturelle. Ne pas confondre logique formelle et logique ce
la langue. C'est compliqué une langue - comme la vie.

> JFR> Quant aux majuscules dans du texte b.d.c., j'attends toujours de voir
> *un*
> JFR> exemple probant de mot français accentué à l'initiale, et pour lequel la
> JFR> non-accentuation de la majuscule (initiale, donc) prêterait à confusion
> JFR> *réelle*.
> 
> ça c'est vrai, on peut trouver des exemples, mais ils sont tirés par
> les cheveux. Le problème n'est pas là : à quoi bon, quand on dispose
> d'un système simple et lisible, de dégrader le signal _volontairement_
> sous prétexte qu'on peut le reconstituer avec un taux d'erreur a
> priori quasi nul ??
> 
Vous voyez bien ?

> 
> JFR> Explication : la "valeur orthographique" des accents ne concerne
> strictement
> JFR> que les minuscules (b.d.c.).
> 
> Mais qu'est-ce qui vous autorise à dire une chose pareille ?
> 

L'apprentissage de la langue se fait en écriture "normale" (b.d.c.). Les
majuscules en b.d.c. ne sont pas accentuées normalement. C'est ce souvenir
qui fait que nous sommes heurtés par la non-accentuation en b.d.c., mais pas
par une non-accentuation en majuscules. (Sauf si on se tétanise sur la
chose, comme vous ;)

> 
> JFR> Toute équivalence entre b.d.c. et cap. (ou entre majuscules et
> JFR> minuscules) est fondée sur un raisonnement fallacieux
> 
> du même genre que celui que vous êtes en train de développer ici ?
> 
> 
> JFR> D'où la nécessité devant laquelle s'est trouvée la profession
> (correcteurs
> JFR> et typographes) de se doter d'un instrument qui supplée à la carence
> JFR> "principielle" de l'Académie en la matière ; ce fut chose faite en 1928,
> JFR> avec la première édition du _Code typographique_.
> 
> le code typographique est une émanation d'un syndicat de la presse. Il
> n'a aucune légitimité (et sa dernière édition lui a de toute façon
> retiré toute crédibilité) quant à la langue française en général.
> 
> 
Mais qui prétend régenter l'universalité de l'écriture ? Vous, apparemment.
Pas moi, ni le code typo. Mais le code typo rappelle à tous que certaines
possibilités existent, et sont légitimes. Que sa dernière édition soit
désastreuse n'abolit en rien la valeur des éditions précédentes.

C'est pourquoi je me méfie comme la peste des intégristes de tout bord.

> 
> -- 
> Cordialement,
> Thierry          
>