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Message : Re: [typo] Bas de casse

(Pierre Schweitzer) - Samedi 10 Janvier 2004
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Subject:    Re: [typo] Bas de casse
Date:    Sat, 10 Jan 2004 12:21:03 +0100
From:    "Pierre Schweitzer" <pierreSc@xxxxxxx>

Bonjour et merci Jean-François pour vos précisions.

Je partage totalement votre point de vue sur la capitalisation abusive
des lettres initiales. Mais concernant précisément le Crédit Lyonnais,
si c'est bien la raison sociale d'une entreprise, c'en n'est pas moins
une marque, de même pour la Française des Jeux.

Désigner une marque au plus près de son "identité visuelle" à l'aide
des codes typographiques disponibles ne me semble pas faire dés-
ordre forcément. Au contraire, ça peut éviter ambiguïté ou confusion.

L'enseigne du CL est accessible à ses clients bien ailleurs que dans
la seule bonne ville de Lyon, ce que Crédit lyonnais pourrait laisser
croire, si la marque n'avait pas une telle notoriété.

Àmha, l'identité visuelle n'est pas qu'une affaire de publicitaires. Une
marque déposée peut aussi concerner les juristes et tous ceux qui la
désignent dans un texte. La marque peut être semi-figurative et en tout
cas, le distingo entre minuscules et capitales est toujours possible, lors
du dépôt, dans la composition de la suite de lettres qui la désignent.

Je lis cette liste en amateur, je ne suis pas juriste non plus mais pour
avoir déjà été déjà confronté aux questions épineuses des critères
distinctifs des marques entre elles, il ne me semble pas ahurrissant
de les orthographier tel qu'elles ont été déposées, ou au plus près.

Pierre


----- Original Message ----- 
From: "Jean-François Roberts" <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>
To: <typographie@xxxxxxxx>
Sent: Saturday, January 10, 2004 5:58 AM
Subject: Re: [typo] Bas de casse


Le Crédit lyonnais est lyonnais ; il n'est donc pas Lyonnais : les règles de
l'orthographe et de l'orthotypographie valent pour les raisons sociales
d'entreprises (ce n'est pas une "marque", soit dit en passant ; "Tac O Tac"
est une marque de l'entreprise dont la raison sociale, ou l'enseigne, est
"La Française des jeux", par exemple ; "Pacteo" ou "VitaBene" sont des
marques de l'entreprise dont la raison sociale est "Crédit lyonnais"). Que
les commerciaux-communicants de ladite entreprise n'en aient cure en dit
long sur une mentalité qui - à mon avis - sous-tend certains dérapages
autrement graves de la même entreprise. Oui : il y a une éthique de la typo.

Cette position, bien entendu, n'engage que moi : mais les règles existent...
pour tout le monde. Il n'y a aucune "audace" à le rappeler.

Cela dit, bien entendu, lorsqu'il m'arrive d'avoir à corriger des exemples
de ce sous-genre bien spécifique qu'est le rapport annuel d'activité et
rapport financier annuel d'entreprise - là, je me plie sans sourciller à la
loi du genre, laissant le plumitif (payé pour ça) donner du "Monsieur le
Président-Directeur Général Jacques Duchmolle a déclaré à l'Assemblée
Générale Extraordinaire..." - là où le code typo (et le français usuel)
conseillerait quelque chose comme : "M. J. Duchmolle, président-directeur
général, a déclaré à l'assemblée générale extraordinaire..." Dans leur
rapport annuel, les décideurs et communicants du Crédit lyonnais peuvent
donc imposer "Crédit Lyonnais" (2 cap.) à qui mieux mieux. Idem dans leur
pub.

Mais en dehors de ce cercle magique de la communication institutionnelle et
de la publicité payante, le code typo et l'orthographe reprennent leurs
droits... et prennent le pas, donc, sur les velléités du marketing. C'est
tout le sens de ma remarque. L'"identité visuelle" est affaire de
publicitaires. Le rédactionnel est affaire de rédacteurs, et de typo, qui
appliquent leurs règles usuelles. Refuser cette distinction essentielle,
c'est admettre que n'importe qui peut écrire n'importe quoi, n'importe
comment : c'est un choix... Mais, du coup, vous ne pouvez plus *imposer*
quoi que ce soit - a fortiori pas une quelconque "identité visuelle"
décrétée par vous, ou par une entreprise donnée, urbi et orbi.

Il va de soi que vous pouvez établir une *marche* pour une publication - ou
un groupe de publications - où vous déciderez de suivre scrupuleusement les
graphies recommandées par les communicateurs d'entreprises financiaires, ou
de chaînes de télévision, par exemple. Ça n'empêchera pas vos confrères de
critiquer lesdites graphies, ni bon nombre d'autres marches (voire la
plupart) de suivre d'autres partis typo.

(PS : Que faites-vous de l'identité visuelle de "ToysRUs" - approximation
rustique... -, par exemple ? Et voulez-vous suivre les méandres - au fil des
ans - de l'accentuation de France Télécom, ou de l'Aérospatiale ?  ou de la
div., ou non, de Radio France ? etc.)


> De : "Pierre Schweitzer" <pierreSc@xxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxx
> Date : Fri, 9 Jan 2004 20:34:58 +0100
> À : <typographie@xxxxxxxx>
> Objet : Re: [typo] Bas de casse
>
> "Jean-François Roberts" <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx> écrivait :
>
> Ensuite, même si le producteur et distributeur de courant français
écrivait
> lui-même "ÉDF" - ce qui, en l'occurrence, n'est pas le cas, répétons-le -,
> cela resterait un usage incorrect d'ordre essentiellement commercial, au
> même titre que la deuxième majuscule dans "Crédit Lyonnais" ou que le "n"
> b.d.c. dans "BnF" pour "BNF" dans les documents de la Bibliothèque
nationale
> de France : ainsi que J. Melot le rappelle fort judicieusement, ce genre
de
> pratique relève du logo commercial, non de la correction orthographique ou
> typographique.
>
> _______ _ _ ________ ___ __ _
>
> bonjour la liste,
>
> et désolé par avance pour mes barbarismes.
> suis un peu perplexe devant le reproche d'oser écrire Crédit Lyonnais...
> on peut désigner une marque au plus près de son identité visuelle, non ?
> le Crédit Lyonnais est-il lyonnais ?
>
> pierre
>
>