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Message : Re: [typo] contribution et codage

(Christian Laucou-Soulignac) - Lundi 10 Mai 2004
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Subject:    Re: [typo] contribution et codage
Date:    Mon, 10 May 2004 09:47:52 +0200
From:    "Christian Laucou-Soulignac" <lefourneau@xxxxxxxxxx>

Réponse à J.-F. R., tardive à cause d'une panne.
Oh, je n'avais rien oublié, j'avais simplement voulu ne pas trop entrer dans
les détails. Je m'intéresse au sujet depuis 30 ans. C'est Jauneau qui, sans
le savoir, m'a passé le virus. Il fut mon prof de techno pour ses dernières
années d'enseignement à Estienne.

Vous citez les impressions anaglyptiques (pour les aveugles), vous auriez pu
mentionner également (quasi homophonie oblige) les impressions anaglyphiques
(donnant une sensation de relief grâce à des lunettes) et bon nombre
d'autres, aux noms étranges que je vous passe, issues des recherches
photographiques du 19e, principalement celles qui tournent autour des
colloïdes bichromatés.

Il n'existe pas à proprement parler d'impression musicale ou d'impression
mathématique. Ce ne sont que des systèmes de composition ou de fabrication
d'éléments imprimant dédiés à ces domaines particuliers et mis au service
d'un procédé d'impression (le procédé d'impression, c'est la technique qui
permet proprement de salir le support).

Les machines Monotype et Linotype (avec un "i", vient de l'anglais "line of
types") ne sont pas des procédés mais, encore une fois, des systèmes de
composition. Et la Linotype seule correspond à votre idée de changement
d'"unité d'impression" du caractère pour la ligne. La Monotype, elle, si
elle compose du texte justifié automatiquement comme la Linotype, continue à
le faire en caractères séparés. Et l'idée de "bloc" incluse dans la
Linotype, sans remonter jusqu'à Gutenberg (que certains auteurs français des
siècles passés n'hésitent pas à nommer Gutemberg), se retrouve en amont dans
les polices polyamatypes et, si l'on élargit encore le propos, dans des
logotypes (Grec du roi et autres).

Loin de moi l'idée d'avoir fait, avec les quelques mots que vous commentez,
un "précis historique". Ce serait risible. Cela ne pourrait même pas
concourir dans la catégorie "résumés des épisodes précédents". Cela étant
dit, pour la proto-imprimerie orientale le premier problème, je l'ai déjà
dit, c'est que les inventeurs n'avaient pas affaire à des langues
alphabétiques. Mais la typographie gutenbergienne a fini par revenir en
Chine et j'ai vu, en dépouillant une revue technique des années 1930, une
photo de casse chinoise (pour un quotidien si je me souviens bien). Le typo
n'est pas devant la casse mais dedans car la casse est une pièce dont les
murs sont couverts de cassetins jusqu'en haut. Escabeau pour atteindre les
cassetins du haut, on ne peut pas dire que ce soit pratique et rapide. Et je
passe sur la fabrication des poinçons (entre 2000 et 10000), des matrices,
et sur la fonte...
C'est cela, j'en suis intimement persuadé, qui a empêché les
prototypographes orientaux d'aller jusqu'au bout de leur invention. Et c'est
pour la raison inverse que les occidentaux sont allés jusqu'au bout : pour
nous c'était gérable.

En ce qui concerne mon paragraphe sur le code typo, je suis resté dans le
vague, persuadé que j'étais (et j'ai eu raison) que vous alliez intervenir.
Votre bibliographie est bien plus complète que celle que j'aurais pu faire
avec ma bibliothèque même si elles se recoupent en partie.

Christian Laucou.


De : Jean-François Roberts
To: typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
Sent: Saturday, May 01, 2004 1:01 AM
Subject: Re: [typo] contribution et codage


Et n'oublions pas les procédés reproduisant une forme en relief d'origine :
flan de rotative, stéréotypie... (Et n'oublions pas un genre un peu méconnu
: les livres pour aveugles... Pour être complet, rappelons qu'il y aurait au
moins autant à dire sur l'impression musicale, partitions, etc. L'impression
mathématique mériterait également un développement particulier.)

Les procédés Monotype et Lynotype sont plus qu'un simple procédé de
composition mécanique : si c'était le cas (que ça ne soit qu'un procédé de
composition), ça serait déjà un grand progrès. Mais, plus fondamentalement,
avec ces machines, l'unité d'impression n'est plus le caractère, mais la
ligne. On revient là à une invention... de Gutemberg (eh oui !) - mais lui
clichait directement 2 lignes consécutives... (Gain de stabilité, et surtout
en nombre de caractères physiques distinct à utiliser.)

Il y aurait (vous en êtes persuadé, bien sûr) beaucoup à rajouter à votre
précis historique. Le grand succès de Gutemberg, bien sûr (à quoi tient le
succès industriel !) est surtout d'avoir trouvé le moyen de *stabiliser* ses
caractères *mobiles* dans la forme. Sinon, le grand problème de tous ses
prédécesseurs chinois, coréens, etc. était justement l'instabilité de la
composition, qui empêchait les grandes séries, en ralentissant de beaucoup
la fabrication.