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Message : Re: [typo] contribution et codage

(Christian Laucou-Soulignac) - Mardi 11 Mai 2004
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Subject:    Re: [typo] contribution et codage
Date:    Tue, 11 May 2004 02:43:57 +0200
From:    "Christian Laucou-Soulignac" <lefourneau@xxxxxxxxxx>

Réponse de Christian Laucou
à Pierre Schweitzer

Subject: Re: [typo] contribution et codage

P. S. : C'est d'ailleurs ce qui rend à mes yeux, Monotype aussi attachante,
bouleversante peut-être. La matrice de formes de caractères qui se
positionne au bon endroit pour que le bon caractère soit fondu et ripé
directement à sa place. Il aurait été difficile de faire encore mieux ou
plus efficace avec du plomb... La meilleure preuve, c'est Monophoto qui en
reprend toute la structure mécanique, à un détail près... le plomb, remplacé
par la lumière.

CLS : Si je suis entièrement d'accord avec vous pour considérer que les
inventions de la Linotype (entre autres : sa technique de justification et
sa redistribution des matrices) et la monotype (son clavier justifiant)
confinent au génie mécanique, je suis bien plus réservé sur la Monophoto. La
mécanique de la Monotype ne se justifiait que parce qu'elle devait produire
du plomb ; cette même mécanique à un iota près (châssis-matrices en creux
remplacé par un châssis-matrices film négatif) est une totale aberration. Ce
n'est pas un hasard si la Monophoto a très rapidement disparu du marché. Ce
qui a dû se passer (je n'étais pas là, mais j'en jurerais) c'est qu'il
fallait que très rapidement la Monotype (la compagnie) sorte une
photocomposeuse pour être présente sur le marché. Elle a fait au plus vite
avec ce qu'elle avait à l'époque. C'est vrai que pour l'Histoire, ça fait
une jolie transition ; mais ça fait une bien mauvaise machine.

P. S. : Est-ce que le changement d' "unité d'impression", du caractère pour
la ligne, est décisive ? J'hésite un peu... D'abord Monotype arrive après
Linotype et donc remet en cause la fonte par ligne de Linotype. Ensuite, la
séparation plus nette entre le clavier et la fondeuse, n'est-elle pas un
progrès tout aussi décisif pour Monotype ? L'opération de saisie est
désormais dissociée et peut être réalisée en parallèle (la productivité de
la fondeuse dépasse mécaniquement le rythme de saisie). La bande de papier
où sont codés les caractères de Monotype annonce aussi toute la suite.
Toutes les tensions entre les logiques à l'oeuvre et les contingences
mécaniques sont parfaitement lisibles dans Monotype. Elles sont
l'aboutissement parfait d'un système ancien et annonciatrices de la suite.
C'est ça qui la rend... charmante.

CLS : Je pense que l'apport essentiel de ces deux machines, c'est le clavier
qui a fait passer la composition dans un autre univers temporel. Ce n'est,
d'ailleurs, une nouveauté ni de l'une ni de l'autre : des tentatives de
machines de composition automatique à partir de plomb fondeur avaient déjà
vu le jour, utilisant un clavier tel un piano, et ce dès 1822 (W. Church,
brevet déposé, machine non fabriquée). Cela dit, effectivement, la bande
perforée de la Monotype était le plagiat par anticipation des bandes des
photocomposeuses et des bandes et des cartes des ordinateurs... pas mal,
quand même !... Et je me suis laissé dire, en lisant avec attention certains
messages de cette liste, que d'aucuns s'ingéniaient à vouloir piloter des
fondeuses mono par des micros. On est dans une implacable logique...

Christian Laucou.