Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] Schwabacher (était cochin et clarendon)

(Jean-François Roberts) - Dimanche 11 Juillet 2004
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] Schwabacher (était cochin et clarendon)
Date:    Sun, 11 Jul 2004 01:23:43 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

Vérification faite, pour le hongrois : d'après un spécialiste de la
question, écrivant dans le _Gutenberg Jahrbuch_ 1987, p. 104-108, repris
(sans nom d'auteur !) sur le site consacré à l'histoire de l'imrimerie en
Hongrie (principalement en hongrois, mais nombreuses pages en allemand) :

http://www.mek.iif.hu/porta/szint/tarsad/konyvtar/tortenet/borsa/html/index.
htm

Et, pour ce qui nous occupe ici :

http://www.mek.iif.hu/porta/szint/tarsad/konyvtar/tortenet/borsa/html/bgkvti
_4/bgki0428de.htm

D'après ce texte en allemand - qui parle bien entendu de la Hongrie
*historique*, s'étendant bien au-delà, donc, des frontières de l'actuelle
Hongrie : le royaume magyar contrôlant ainsi une large partie des Balkans,
Transylvanie incluse - d'après ce texte, donc, le premier ouvrage imprimé en
Hongrie parut en 1473 à Buda. Il s'agissait d'un ouvrage en latin, la
_Chronica Hungarorum_, une histoire des Hongrois, donc. Toute cette première
production fut exclusivement en latin.

Ce début précoce, sous l'impulsion du roi Mátyás Ier Corvin (Hunyadi) (roi
de Hongrie de 1458 à 1490) allait bientôt être relégué dans les ténèbres,
après la défaite de Mohács, en 1526. On sait qu'après cette date, les
Ottomans occupèrent le gros des possessions magyares, le royaume de Hongrie
proprement dit étant récupéré par les Habsbourg. La Transylvanie (largement
germanaphone, du fait de l'importante population de Saxons de Transylvanie -
ou de Siebenburgen, les "Sept Bourgs, ou Châteaux"), quant à elle, allait
obtenir une certaine autonomie, sous l'égide ottomane, à partir de 1566.

Lesdits Saxons de Transylvanie se tournèrent très tôt vers l'ouest pour
leurs livres, imprimés en allemand, donc (Bavière, Autriche). De ce fait,
les observations habituelles quant à la typo allemande s'appliquent à cette
production, y compris pour ce qui est de l'extension de la typo Fraktur. La
production typographique reprit pourtant dès 1550, à Kolozsvár
(Klausenburg), et en hongrois (typo Antiqua). Un autre lieu typographique
important apparut à Debrecen, dans ce qui était alors un no-man's-land à la
lisière de la Hongrie habsbourgeoise, de la Transylvanie et des plaines sous
administration ottomane.

La majeure part de la production de ces deux centres était en langue
hongroise, avec nombre de titres en latin (de caractère scientifique, en
particulier). Latin et hongrois représentent ensemble 87,5 % des titres pour
cette période (XVIe siècle), et de ce nombre 60 % étaient en hongrois, 40 %
en latin. Mais les proportions varièrent, d'une décennie à l'autre.

Pour en revenir à la période initiale : le premier titre imprimé en langue
hongroise fut publié à... Nuremberg, en 1484. Ce titre (qui n'a pas survécu)
était une ballade célébrant saint Etienne, premier roi de Hongrie. Elle
était sans doute destinée aux pélerins hongrois se rendant à
Aix-la-Chapelle.

Par la suite, on note l'apparition d'un manuel scolaire pour l'apprentissage
du latin, initialement en latin et allemand, augmenté d'une version
polonaise, puis hongroise - ouvrage quadrilingue, donc, paru en 1527 à
Nuremberg. Le premier ouvrage entièrement en hongrois parut en 1533 : les
Epitres de saint Paul, suivies d'une Bible hongroise, en 1538. On note
encore la parution d'une traduction des Fables d'Esope, la même année. Ces
ouvrages, et d'autres en hongrois, étaient en fait imprimés à Vienne et
Cracovie, voire à Venise.

Le premier ouvrage en hongrois (mais partiellement seulement) à paraître en
Hongrie même date de 1539 : une grammaire hongroise, en latin. Le premier
ouvrage intégralement en hongrois publié en Hongrie parut en 1541 : un
Nouveau Testament, publié à Sárvár (dans l'ouest de la Hongrie). En 1550,
une comédie en langue hongroise fut publiée à Kolozsvár, en Transylvanie.

Selon l'auteur, dès le XVIe siècle, tous les ouvrages en hongrois publiés
dans l'ensemble de la Hongrie (au sens large) le furent en typo Antiqua.
L'auteur conclut, sur ce point : "De ce fait, l'ancienne incertitude, entre
Fraktur et Antiqua, disparaît" (puisqu'on sait que l'atelier en question
travaillait en typo Antiqua). Mais il ne dit rien d'ouvrages en hongrois
imprimés en dehors de la Hongrie...



> De : Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Sat, 10 Jul 2004 22:57:03 +0200
> À : <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
> Objet : Re: [typo] Schwabacher (était cochin et clarendon)
> 
> (...)
> 
> Pour ce qui est des langues limitrophes, n'ayant pas étudié la question de
> près, j'ignore quelle fut la proportion de la production imprimée réalisée
> en typo Fraktur, ni à quelles époques. Ce qui est certain, c'est que cette
> production en Fraktur exista - du fait des imrimeurs, bien sûr, plutôt que
> des autorités. A reaarder de plus près ?
> 
> Quant aux influences nationales et internationales en typo... vaste
> programme :)
> 
> 
>> De : "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>
>> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
>> Date : Sat, 10 Jul 2004 07:19:14 +0200
>> À : <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
>> Objet : Re: [typo] Schwabacher (était cochin et clarendon)
>> 
>> 
>>> La réponse est simple : non. C'était plutôt, à l'inverse, lesdits peuples
>>> "proches voisins" qui adoptèrent, dans un premier temps, le Fraktur pour
>>> leurs propres langues... Ainsi du tchèque, du hongrois, du danois, du
>>> letton, du slovène...
>> 
>> Ben, mince alors...  Je comprends rien.
>> C'est le premier temps qui me plante.
>> Lequel ?
>> Période incunables et prototypographes ?
>> Ou dès que ces peuples passent sous occupation (ou alliance, influence)
>> allemande ?
>> Ou alors, austro-hongroise et plus austro que hongroise ?
>> Car, franchement, j'ai appris que les Angevins de Hongrie, très proches
>> des Italiennes, avant de se prendre la patée par les Turcs, appréciaient
>> plutôt le manuscrit en latin, mettons, non-luthérien.
>> C'est vers quoi, le premier temps, 1939 ? 1439 (enfin, quand même plus
>> tard) ?
>> 
>> (..)
>>