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Message : Re: SMF Baskerville : une approche critique

(Michel Bovani) - Samedi 28 Août 1999
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Subject:    Re: SMF Baskerville : une approche critique
Date:    Sat, 28 Aug 1999 15:00:38 +0200
From:    Michel Bovani <michel.bovani@xxxxxxxxxx>

J'essaie de répondre ici à Alain et à Olivier.

Je précise toute de suite que je ne veux tailler de short à personne, ni
me montrer particulièrement indulgent.

Il faut rappeler quand même que le travail de YH correspond à une commande
de la SMF. Je ne peux pas dire s'ils en ont eu pour leur argent, mais
enfin ils voulaient un Baskerville maths, YH l'a fait.
Ils voulaient (si j'ai bien compris) que la chose soit exploitable sur un
moteur TeX standard, et c'est ce qu'ils ont eu. Cela est important parce
qu'il y a des choses qu'on ne peut pas trop envisager de demander à ce
logiciel, et ces choses sont devenues des contraintes. Si dans la suite je
dis que telle ou telle chose est impossible, c'est dans ce cadre.

De l'autre côté, il y a des choses qui se font après que les polices aient été
fabriquées par exemple le réglage des espaces verticaux avant, après ou
dans une formule (si elle occupe plusieurs lignes) : YH a fabriqué un
système de fontes, pas une maquette. Les exemples donnés, dont le choix est
contestable, parce que « c'est trop pas vrai », proviennent d'un fichier
test de l'AMS, qui est un révélateur des petits défauts, une torture pour
les fontes, mais qui ne permet pas, c'est vrai, de se faire une bonne
idée du fonctionnement réel --- mais ces exemples, toute la communauté TeX
les connait plus ou moins, cela rend le choix moins contestable. En tout
cas les paramétrages du fichier de l'AMS ont été utilisés, ainsi que ceux
des cahiers GUTenberg, et SMF Baskerville n'a rien à voir là dedans.

Donc, concernant le « contournement des paramétrages par défaut »

 -- il y a des choses qui étaient, je pense, impossibles à réaliser :
les « espacements des symboles mathématiques dans les sur et sous-produits »
par exemple, sont supprimés par tex. YH dit que l'on _devrait_ pouvoir
changer ça... c'est un conditionnel et si quelqu'un comme lui (pour ce qui est de tex, il rentre plutôt dans la classe wizard, que dans la classe ingénieur) emploie le conditionnel, c'est pas forcément bon signe.
 -- il y a des choses qui peuvent être améliorées, mais qui ne relèvent
pas de la définition des fontes (enfin pour un typo, si, mais c'était
peut-être pas le boulot de YH de le faire : la réalisation d'une
maquette qui rende les publications des SMF et SMF Baskerville
compatibles reste sûrement à faire). Mais là aussi il y a des
contraintes : l'espacement après les intégrales peut être réduit, mais
d'autres seront réduits en même temps... j'ai peut-être pas pensé à tout
mais je vois pas trop d'autre solution qui n'aboutisse pas à des
catastrophes. (je peux essayer de mettre un exemple en ligne --- mais pas
avec SMF Baskerville, bien sûr --- tendant à montrer ce que l'on peut
faire).
 -- Il y a des choses qui auraient pu être faites (i.e. c'est tout à fait
paramétrable et c'est à la conception du système de fontes que ça se
fait), commela taille et la position des indices et des exposants. Enfin,
ça a peut-être été fait, pas au mieux ou au mieux et le mieux est pas
assez bien, ou encore c'est bien et Alain pinaille, mais il est là pour
ça.

Pour finir, je pense que l'on ne peut pas dire, qu'il n'y a qu'à « changer
de paramétrage » pour arranger les choses : si la possibilité de
paramétrer est absente, ça ne mène nulle part... et bref dans toute la
première partie de la contribution d'Alain, qui me semble fondée
typographiquement parlant, je trouve plus de critiques adressées au
logiciel, qu'à YH... Mais c'est peut-être juste parce que je connais pas
assez bien 1° le logiciel, 2° YH.

Les lettres latines (que des bons souvenirs;-)

Computer Modern possède une italique spéciale pour les maths. Ça m'a
toujours semblé tordu, et je ne vois aucune bonne raison (sans même aller
jusqu'à me demander si les maths font partie du texte ou l'inverse) pour se
compliquer la vie à imiter cela en déformant une brave police, qui ne
demandait rien à personne. On peut envisager une fonte spécifique
pour les maths (Euler est parfois très bien avec une autre fonte de texte,
et au passage, je trouve qu'Olivier lui a réglé son compte un peu vite, la
fonte est de Zapf, et il n'a pas fait n'importe quoi, amha), mais sinon,
autant garder l'ital telle qu'elle est, sauf contrainte majeure.

Redessiner une descendante peut-être une contrainte majeure, même chose
pour la queue du Q, bref je vois pas là de problème moral. J'aime pas ça,
mais c'est un compromis, et sans compromis, on peut peut-être faire des
maths (quoique) mais pas de la typo (la chasse aux orphelins est ouverte).
En revanche, je ne sais pas si c'était justifié ici. En tout cas, plus la
descendante du f va traîner en arrière, plus le blanc entre l'intégrale et
le f paraîtra optiquement important (et non je pense pas qu'une approche de
paires soit envisageable ici).

« L'augmentation artificielle de la graisse des exposants » ne me choque pas
non plus, mais à mon avis ça n'apporte rien. Pour moi la solution n'est
pas non plus d'adopter une police avec un jeu d'exposants même s'il manque
des lettres (ça me semble rédhibitoire), mais d'avoir une police dessinée
en plusieurs corps, comme Computer Modern, mais faite par quelqu'un dont
c'est le métier (Bref, on va mettre Haralambous, Hurtig, Knuth et Porchez
dans un local clos pendant trois mois, et si après ça on peut toujours pas
composer des maths, au moins, on aura bien rigolé).

Le grec

YH a abordé assez longtemps ce problème à Lyon, quand il a présenté son
travail.

Il y a un premier problème. Un grec pour les maths est un truc spécifique :
on peut pas se permettre d'avoir un alpha qui ressemble à un a, un nu à un
v etc. Donc choix d'un grec didot, qui semble répondre à ce cahier des
charges. Maintenant, on peut envisager du grec dans le texte et on opte
pour le Baskerville Grec, plus fait pour (mais non, je ne le trouve pas
excellent). On peut même envisager un article écrit en Grec par un
Mathématicien grec, il y en a eu beaucoup, il y a quelque siècles, il doit
bien en rester : bref YH est un spécialiste de ces trucs là, ça lui donne
pas forcément raison, mais je manque de billes pour critiquer.
Et si la SMF a du grec à composer, elle ne pourra pas utiliser le « grec pour
les maths » sauf à le faire en style maths et à écrire des horreurs comme
celles que j'ai montré l'autre jour (quand Alain m'a rappelé la charte) :
donc elle utilisera le Baskerville grec et là j'avoue que je sais pas ce
que font les mathématiciens grecs, s'ils utilisent les lettres latines
pour les variables et exceptionnellement le grec, où s'ils font l'inverse
(en fait, je pense qu'ils écrivent leurs articles en anglais...).

Les grands opérateurs et tout ça

Pour la détermination de l'axe math, je pense que la hauteur d'oeil est
déterminante quelque chose comme k fois la hauteur d'oeil, avec k compris
entre 0.4 et 0.6 (k diminuant pour un axe oblique, augmentant pour un axe
droit) mais c'est au pif... Cela étant, je pense que YH a bien été obligé,
comme tout le monde, de prendre le égal, et le moins (partant de là le plus)
dans computer modern : tex impose pas mal de contraintes sur ce plan.

Pour les grands opérateurs, je pense que ce sont ceux de Mathématical
Pi... Ils sont grossis, donc graissés, mais à part les redessiner, ce qui
aurait pu être fait, il n'y a pas l'embarras du choix. Moi j'aurais au
moins essayé l'intégrale de computer modern (voir ma tentative numero 2 où
il y a un problème de pente italique parce que c'est pas le même
Baskerville, mais je pense qu'avec ITC, ça allait...). En fait je crois
que dans Mathematical Pi, il y a des variantes très fines de tout ça, et
que ça aurait peut être été pas plus mal, faudrait essayer.

Les droits payés aux fondeurs

??
Fontshop dit par exemple que si tu as la licence tu as le droit de bricoler
les fontes qu'ils te vendent et de diffuser les-dits bricolages,
à condition que l'utilisation des fontes bricolées reste clairement soumis
à la possession de la licence de la fonte d'origine...
Je sais pas si c'est moral, c'est du commerce, donc j'aurais plutôt
tendance à dire que c'est pas moral. Mais c'est pas mon problème.

Bon ben c'est tout pour aujourd'hui...



--- Michel Bovani