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Message : Re: [typo] Qu'est-ce qui pousse les traducteurs ou les éditeurs ?

(Jacques Melot) - Lundi 14 Juillet 2003
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Subject:    Re: [typo] Qu'est-ce qui pousse les traducteurs ou les éditeurs ?
Date:    Mon, 14 Jul 2003 10:26:56 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 14-07-03, à 10:33 +0200, nous recevions de Thomas Linard :

Le 2003-07-14 05:11:58, "Patrick Andries" <hapax@xxxxxxxxxxx> a écrit :

PA> Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi l'éditeur ou le traducteur s'est
PA> senti obligé d'écrire la chuintante avec « Sh » en français (à l'anglaise,
PA> mais la version anglaise écrit « Sch » !) ? Mes éditions des Milles et Une
PA> Nuits en français écrivent pourtant bien « Schéhérazade » ou « Chahrazade ».
PA>
PA> Un pédantisme graphique qui divise les chuintantes en deux : les françaises
PA> (écrites «ch») et les étrangères (écrites «sh» à l'anglaise) quelle qu'ait
PA> été la tradition graphique de ces mots en français (cf. Vichnou, Çiva,
PA> cachère). Comme si les conventions graphiques françaises n'étaient plus
PA> dignes de décrire les noms étrangers.

La version bâtarde que vous citez relève sans doute du pédantisme, mais
je ne suis pas tout à fait d'accord quand vous parlez des « conventions
graphiques françaises ». Depuis la fin du XIXe siècle, plutôt que
chaque langue utilise son propre système graphique, des conventions
internationales déterminent la translitération de l'écriture arabe
(dans un cadre universitaire). À l'époque, cela aurait donné « Shahrazád ».
Aujourd'hui, ce serait plutôt Sahrazad, avec un caron sur le s et un
macron sur le troisième a. Cela permet de s'y retrouver dans les
colloques internationaux...



C'est autre chose et ne résout pas la question de la publication destinée au grand public (de plus, je pensais, à la suite de mes lectures, que précisément en ce qui concerne l'arabe, il n'existait pas de convention de translittération unique ou entraînant un accord universel, mais les choses ont pu changer). Pour le coup, employer une telle translittération savante dans un ouvrage destiné au grand public serait pédant.

Comment expliquer ce « Shéhérazade » ? Je commencerais par envisager une simple faute d'inattention (faute d'orthographe ou typographique) : cela existe même dans les titres d'ouvrages imprimés, comme on sait. Mais ce peut aussi avoir été fait à dessein, pour éviter un mot qui, aura-t-on pensé, est un peu moins vite déchiffré par le cerveau (souci commercial d'efficacité de la couverture en vue d'optimiser la vente de l'ouvrage) : « sh » serait alors censé avoir le même effet que « sch », ayant aussi préféré « sh » à « ch », car le consommateur aurait été légèrement interloqué par ce « c » initial (perception subliminaire d'une faute ou d'une rupture dans les habitudes, beaucoup plus perceptible que ce sch passant au sh). Ce genre de manipulation est bien entendu condamnable, du moins de mon point de vue. Il faudrait leur poser la question, tout simplement.

   Jacques Melot



Cordialement,

--
 Thomas Linard