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Message : Re : [typo] accent

(Jean-François Roberts) - Vendredi 20 Mai 2005
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Subject:    Re : [typo] accent
Date:    Fri, 20 May 2005 18:47:19 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

C'est bien là le mythe : AVANT, on ne pouvait pas accentuer les cap.,
MAINTENANT, on le peut - donc... on *doit* le faire !

Passons sur ce premier - et fondamental - sophisme. Passons également sur
l'erreur cruciale, qui est de glisser d'une constatation d'évidence -
l'orthographe existe, et est nécessaire -, pour en conclure que les cap.
doivent porter l'accent, comme si les cap. faisaient partie du système
orthographique ! (Non : elles ont une fonction distinctive, et ne sont
jamais lues comme des lettre b.d.c. D'où leur traitement différencié, en
bonne typo traditionnelle, et dans l'enseignement de la langue française par
l'éducation nationale : deux références de poids, malgré tout).

L'argument qui fait "neutre", scientifique, objectif, que sais-je encore ?
qui permet de faire passer ce fatras idéologico-esthétique (encore une fois
: il est parfaitement *licite* d'accentuer les cap., même dans le texte
courant - simplement, n'en faites pas une nécessité, ni un impératif)
l'argument qui tue, selon les sectateurs de la panaccentuation obligatoire,
laïque et universelle, serait que la non-accentuation serait une séquelle
d'autres temps, quand les "contraintes techniques" (jamais explicitées)
rendaient l'accentuation des cap. impossible.

Résumons : depuis que la typographie existe, il n'a jamais été plus
compliqué de fabriquer un caractère de cap. accentuée qu'un caractère
accentué en b.d.c. Et la composition en cap. accentuées n'a de même jamais
posé plus de problème que la composition avec accents courante.

Si les imprimeurs se sont volontiers passé de cap. accentuées, pendant des
générations (avant l'avènement de l'ordinateur, qui permet au profane de
s'auto-ériger imprimeur, sans passer par un long apprentissage sur le tas),
c'est qu'ils ont vite compris qu'elles nuisaient à la lisibilité, sans rien
apporter à l'intelligibilité. Malheureusement, ladite lisibilité est souvent
le cadet des soucis des grands systèmes "othotypographiques", qui prétendent
qu'on *doit* lire comme dans un catalogue de polices typographiques, sans
jamais faire intervenir le sens - et a fortiori sans contexte.

Les exemples que vous citez sont un bon témoignage du souci des imprimeurs
en ces temps que l'on voudrait "obscurs" : désambiguïser les noms propres,
qui sont souvent les seuls a poser problème en tout-cap., sans surcharger
les noms communs. Belle leçon de non-cohérence, mais de lisibilité !


> De : Leraillez Benoit <Leraillez@xxxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Fri, 20 May 2005 17:29:48 +0200
> À : "typographie@xxxxxxxxxxxxxxx" <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
> Objet : Re : [typo] accent
> 
> Le 20/05/05 12:05, « Thierry Bouche » <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx> a
> écrit :
> 
>> C'est faux. Quelles sont vos sources ? ça sent le Perrousseaux !
>> Attention aux arguments foireux pour défendre des idées justes ! n'allez
>> pas dire que toutes les motocyclettes roulent à gauche pour justifier
>> l'accentuation des adverbes de lieux !
> 
> 
> Je pourrai aussi regarder dans mes anciens numéros de l'Illustration. Mais
> rapidement, comme ça, j'ai une collection Plaisir de France de 1934 qui
> accentue notre différent.
> 
> En attendant vous aurez ci-joint des accents apostrophiques, d'autres qui
> battent des « l » pour nous séparer et un v à prendre avec circonflexion. Le
> même plaçaient des guillemets ouvrant en fin de ligne sur les rectos pour
> qu'ils soient plus visibles. En mettant des fermant en début de ligne dans
> la pliure ils auraient été moins visibles ; mais je vous en fait grâce les
> anciennes habitudes vous indisposent ;-)
> 
> http://www.leraillez.com/accents.jpg
> http://www.leraillez.com/accents2.jpg
> 
> Enfin les anciens devaient certainement avoir tort d'accentuer à tout va
> dès lors que le texte était en toutcap. Pauvres hères, si seulement ils
> avaient connus la machine à écrire et la simplicité qu'elle nous a offerte
> de ce point de vue.
> 
> Dernièrement, n'oubliez pas que l'orthographe a évolué et que les
> imprimeurs faisaient de temps en temps des erreurs volontaires par manque de
> caractères, et les virgules pour remplacer les accents... Concernant
> l'orthographe j'ai un livre (une pièce de théâtre) de M. DCC. LIV. où la
> _majorité_ des noms communs sont sans accents mais _tous_ les noms propres
> ont le droit à leurs apostrophes. Il me faudrait retrouver mon dictionnaire
> de l'époque pour voir les mots qui se sont accentués avec le temps.
> 
> Il fut un temps, recent, ou l'accentuation etait presque impossible quant
> on imprimait, bon nombre de polices les ayant ignores. Aujourd'hui c'est a
> nouveau chose aisae alors pourquoi continuer dans l'hor^H^H^Herreur ?
> 
> -- 
> Benoît Leraillez
> 
> Aimez les choses à double sens, mais assurez-vous bien d'abord qu'elles ont
> un sens ! (S. Guitry)
> 
> 
>