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Message : Re: [typo] Convention typographique

(Jacques Melot) - Mardi 14 Juin 2005
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Subject:    Re: [typo] Convention typographique
Date:    Tue, 14 Jun 2005 21:13:05 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 14/06/05, à 10:11 +0200, nous recevions de Olivier Randier :

J'ai essayé le "unE" et un E en bdc... C'est relativement "discret", même si
je comprends que cela vous agace (et cela aussi m'agace aussi quelquefois !).

Juste pour apporter ma pierre dans la gueule du débat : si vraiment une formulation grammaticalement correcte du style « un ou une anarchiste » ne convient pas dans le contexte (encore que je ne vois pas bien pourquoi), il faut revenir au sens de ce qu'on fait, typographiquement parlant. Pour moi, il s'agit là de marquer emphatiquement le féminin, de la même façon qu'on marquerait l'unicité d'une chose en accentuant emphatiquement l'article défini : « c'est LE problème de la féminisation ».


En dehors du fait qu'on emploierait ici plutôt l'italique, cela reste un artifice d'emploi ponctuel. Or on a bien le sentiment que ce qu'on nous demande de discuter doit être d'application systématique (on cherche une règle). On en revient donc à l'impossibilité d'employer les capitales.


En écriture manuscrite, ce genre d'emphase est marquée par la capitale, certes, mais ce serait une erreur de transposer ça en typographie par une capitale, fut-elle petite. En effet, le marqueur de l'emphase en typographie est l'italique, non la capitale, qui a une autre fonction. Typographiquement, on composerait : « c'est _le_ problème de la féminisation ». Donc, je marquerais plutôt l'emphase sur le genre ainsi : « un_e_ anarchiste ». Notez que, dans ce cas, l'emphase ne servirait pas à offrir une alternative (un ou une), mais à insister sur le fait qu'il s'agit d'une femme (pour le cas où le lecteur n'aurait pas compris que « une anarchiste » est une femme...). S'il s'agit de marquer une alternative, je ne vois pas d'autre solution que la mise entre parenthèses « un(e) », ou, mieux, la formulation « un ou une », l'avantage de cette dernière solution, en plus d'être syntaxiquement correcte, étant de permettre également l'emphase « un ou _une_ ».


Ce qui est plus précisément une emphase sur une expression déjà emphatique. Mais cela est loisible et équivaut à un « [...] un ou une - je dis bien une ! - [...] » dans la langue parlée.


Comme quoi le recours au génie de la langue est toujours le meilleur moyen d'exprimer les subtilités...


Mille ans de littérature, soit aussi mille ans d'achèvement de la langue et de ses règles, rend cet argument peu discutable... et encore, c'est sans compter que l'efficacité et les subtilités en question ont leurs racines pour une bonne part dans le latin, langue qui elle-même était parvenue à un haut degré d'évolution.

   Jacques Melot


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Olivier Randier