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Message : Re: [typo] Exclure l'inclusive?

(Thomas Savary) - Mardi 09 Avril 2019
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Subject:    Re: [typo] Exclure l'inclusive?
Date:    Tue, 09 Apr 2019 13:17:49 +0200
From:    Thomas Savary <thomas.savary@xxxxxxxxxxxxxxxx>

Un seul mot : bravo !

 

Cordialement,

 

Thomas Savary

Le Grand Plessis

F-85340 L’Île-d’Olonne

Tél. 06 22 82 61 34

www.correctionpro.fr

www.compo85.fr

 

mardi 9 avril 2019, à 12:21:40 CEST, Jacques Melot a écrit :

> Le 4/04/19, à 11:02 +0200, nous recevions de Bernard Lombart :

> >Encore une fois, ce n'est pas une question d'« emportement ».

> >Le grand Jean-Pierre Lacroux disait : vaut-il

> >mieux, en parlant d'une femme, qu'elle soit la

> >plus grande des poétesses, ou le plus grand des

> >poètes ?

> >

> >B.L.

> >

> >====

>

> Comme je vois que l'on continue sur le sujet,

> je me décide à envoyer le texte qui suit, rédigée

> il y a quelques jours.

>

>

> [J. M.] La plus grande des poétesses signifie

> qu'on ne compare qu'aux femmes poètes. Elle est

> le plus grand des poètes signifie que cette femme

> surpasse dans son art tous ses collègues, hommes

> comme femmes. Les deux expressions ont une

> signification différente et chacune a son utilité.

>

> Les féminins de noms de professions (et de

> grades) ne sont pas des formes grammaticalement

> nécessaires lorsque la différence se résume

> uniquement au sexe de la personne : ces

> féminisations ne sont que des commodités qui

> évitent des formulations plus longues dans le cas

> où il y a quelque utilité à préciser qu'on a

> affaire à des femmes. S'agissant de simples

> commodités, il est logique et compréhensible

> qu'on s'en passe si elles présentent quelque

> inconvénient. C'est le cas si elles choquent

> l'oreille (encore qu'on puisse s'habituer à ce

> qui de prime abord nous semble être une horreur),

> si elles sont difficilement prononçables, si

> elles évoquent quelque chose d'inconvenant, si

> elles sont ambiguës, etc., et bien sûr si le même

> mot est déjà en usage avec une autre

> signification.

>

> Ainsi, postière est-il une féminisation de

> commodité puisque une postière ne diffère du

> postier que par son sexe. Par contre boulangère

> est une forme féminine qui marque une différence

> essentielle : les boulangers, même à l'heure

> actuelle, sont idéalement censés vivre en couple,

> l'homme étant au pétrin, la femme -- la

> boulangère -- étant à la caisse, et ce, en raison

> de contraintes techniques (force physique

> généralement supérieure chez l'individu mâle,

> etc.). Une _expression_ telle que « Mme Dupont est

> le meilleur boulanger de Paris » nous apprend

> qu'elle a une part essentielle dans le processus

> de fabrication, dans l'entreprise, comme ses

> collègues hommes, et qu'elle ne diffère de ces

> derniers que par le sexe. On voit dans cet

> exemple qu'à strictement parler le terme

> « boulangère » ne convient pas pour qualifier

> cette femme. Dans la configuration

> traditionnelle, la boulangère, tant qu'elle ne

> change pas d'activité ou ne vient pas à remplir

> le rôle du boulanger, est irrémédiablement

> boulangère, ne pouvant en aucun cas être

> qualifiée de boulanger. L'autre, celle qui est

> chef d'entreprise ou assimilable (c'est-à-dire

> qui tient sensiblement le rôle d'un boulanger),

> ne peut, à strictement parler, être qualifiée de

> boulangère. Elle est irrémédiablement un

> boulanger. Ce qui peut sembler là une bizarrerie

> tient à ce que boulangère ne peut en principe

> être utilisé comme féminin de commodité dans le

> cas d'un boulanger femme car ce mot existe déjà

> avec une signification différente. En principe,

> car cela n'est souvent pas respecté et que l'on

> se comprend tout de même, quoique...

>

> Il est essentiel de comprendre que les

> féminisations qui ne sont justifiées que par une

> différence de sexe ne sont que des commodités de

> langage, non des formes grammaticalement

> nécessaires (comme le pluriel l'est relativement

> au singulier, par exemple) : une femme avocat

> peut être qualifiée indifféremment d'avocat ou

> d'avocate, ce qui n'est pas le cas pour un homme

> qui ne pourra jamais être qualifié que d'avocat.

> Les hommes et les femmes passent exactement les

> mêmes examens et obtiennent les mêmes diplômes

> pour devenir avocats. Il n'y a pas de diplôme

> d'avocate qui se distinguerait d'un diplôme

> d'avocat. Il y a là une seule et même entité,

> unicité qui est l'_expression_ d'une stricte

> égalité de traitement entre les deux sexes.

>

> Si, comme dit à l'instant, les femmes, dans

> bien des contextes, peuvent être indifféremment

> dites avocat ou avocate, pharmacien ou

> pharmacienne, etc., elles doivent nécessairement

> être désignées par la forme avocat, pharmacien,

> etc., dans bon nombre de situations, comme dans

> l'exemple « cette femme est le meilleur avocat de

> la ville ». La féminisation « cette femme est la

> meilleure avocate de la ville » a une

> signification toute différente : cela veut dire

> qu'elle est la meilleure de ses consoeurs dans la

> ville en question, sans qu'il soit dit quoi que

> ce soit de son excellence relativement aux

> avocats hommes de cette même ville. En français,

> le féminin n'est pas le symétrique du masculin.

> Cela ne fonctionne pas ainsi et ne l'a jamais

> fait. C'est pourtant ce sur quoi repose

> l'argumentation « linguistique » principale en

> faveur de la féminisation systématique du parler

> et de l'écrit.

>

> Les règles de notre langue concernant le genre

> grammatical n'ont pas été forgées par l'homme,

> mais ont été dégagées patiemment en examinant

> l'usage avec le sérieux et la compétence qui dans

> l'ensemble caractérisent les spécialistes de tout

> temps et dans tous les domaines. Alors que les

> passions s'apaisent, une décantation s'opère : la

> vérité finit toujours par apparaître clairement,

> même si certains, acculés par leurs engagements,

> peuvent continuer à nier, auquel cas s'applique

> l'adage : errare humanum est, persevere

> diabolicum. L'erreur en toute bonne foi est

> humaine et donc pardonnable, mais l'erreur de

> mauvaise foi, si elle a des conséquences

> inacceptables, divise les hommes et mène à

> l'affrontement. Contrairement à certaines autres

> règles, les règles concernant le genre

> grammatical ne résultent pas d'une normalisation

> plus ou moins bien inspirée. Ce que j'ai relaté

> plus haut explique le fonctionnement normal du

> féminin en français tel qu'il résulte de l'usage

> général.

>

> Le système du genre grammatical en français

> est tout à fait satisfaisant, permettant

> d'exprimer efficacement, en toutes circonstances,

> ce que nous avons à dire en nous faisant

> comprendre de tous. On peut même ajouter qu'il a

> une forme plus achevée que dans beaucoup d'autres

> langues, notamment dans celles qui possèdent

> trois genres (allemand, latin, grec, etc.). Mais

> c'est une autre histoire...

>

> Jacques Melot

>

>

> La langue ne se décrète pas. Le faire est le

> propre des systèmes totalitaires.

>

> >Le 2019-04-04 10:51, Philippe Jallon a écrit :

> >>>Le 4 avr. 2019 à 10:45, Bernard Lombart

> >>><<mailto:lombart@xxxxxxxxxxxx>lombart@xxxxxxxxxxxx>

> >>>a écrit :

> >>>

> >>>Il ne faut pas dire « le masculin l'emporte »,

> >>>mais « le masculin (la forme grammaticale qui

> >>>sert pour le masculin) sert pour les deux

> >>>genres » ! C'est tout simplement une

> >>>caractéristique de la plupart des langues

> >>>indo-européennes.

> >>

> >>Et pourquoi c'est

> >>le-masculin-la-forme-grammaticale plutôt que

> >>le-féminin-la-forme-grammaticale qui l'emporte

> >>? Parce que la plupart des langues

> >>indo-européennes sont bâties sur un substrat

> >>sexiste.

> >>

> >>

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