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Message : Re: anglaise de Didot

(Fekete Jean Daniel 0251858208) - Lundi 07 Avril 1997
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Subject:    Re: anglaise de Didot
Date:    Mon, 07 Apr 1997 17:41:04 +0200
From:    Fekete Jean Daniel 0251858208 <Jean-Daniel.Fekete@xxxxxx>

Les deux réponses sur le codage du nom des glyphs me confortent dans
ma crainte de voir apparaître un élitisme typographique.  La bonne
typographie ne doit pas servir à une élite mais à tout le monde.  Il
faut que les outils produisent de la bonne typo, pas que les
spécialistes de la typo puissent montrer qu'ils savent mettre les
ligatures et les quarts de quadratin à la bonne place.  Les dactylo
tapent des caractères.  Les correcteurs orthographiques corrigent des
caractères.  Les systèmes de composition mettent en page des documents
formés de caractères.  Qui va éduquer les secrétaires ?  Refaire les
correcteurs orthographiques ?  Modifier les systèmes de composition
automatiques ?

Thierry Bouche écrit :
> Avez-vous déjà _réalisé_ l'interface entre, disons, garamond expert +
> alternate, caslon expert + alternate, Centaur pour tex ou GX ?
Oui, Garamond Exper + Alternate. c'est assez peu intéressant, mais ça
donne un résultat qui rappel le bon vieux temps.

> si les codages, noms etc. sont spécifiques, tout le travail est  à
> reprendre à chaque fois. S'il y a un standard, seuls les cas
> particuliers, (par définition _rares_) sont à considérer. La
> différence du travail  que vous qualifiez de « gratuit » peut être
> considérable.
C'est quoi considérable ?  Une ou deux journées ?  L'enjeux est
négligeable du point de vue industriel.  Une fois le travail fait,
tout le monde peut en profiter.

Je veux voir normaliser le nom des glyphs comme je veux que les
couleurs des voitures soient normalisées.  Ça me simplifierait la vie
à chaque changement de voiture, mais j'en change tous les 6 ou 7 ans,
alors je ne vais pas me battre pour ça.  Que les noms de glyphs soient
normalisés ou pas, ça m'est bien égal, tant que je n'ai pas à faire
les fichiers de fonts virtuels, ou alors pas tous les jours.  Si les
fondeurs se chargent de ce boulot, ils vont vite unifier leurs noms
pour diminuer leur travail, et le problème sera réglé.

Paul Pichaureau écrit:
>> Jean-Daniel Fekete écrit:
>> Quand on passe des caractères aux glyphs, on peut
>> prévoir des enrichissements, quand on passe des glyphs aux caractères,
>> on doit prévoir des appauvrissements.  Je ne comprend donc pas ce que
>> l'on gagne en codant les glyphs plutot que les caractères.
>
>  Vous êtes trop réducteur. La phrase exacte serait :
>
> Quand on passe des caractères aux glyphs, on PEUT prévoir des
> enrichissements, quand on passe des glyphs aux caractères, on NE doit
> PAS prévoir des appauvrissements, et on NE DOIT prévoir QUE des
> enrichissements.

Si on transmet le nom des glyphs, il FAUT prévoir des
appauvrissements, sinon, comment traduire "a\UFB03cher" ?  Qui dira
que le caractère unicode 0xFB03 est la ligature nommée "LIGATURE FFI"
qui se traduit en trois caractères : F, F et I ?  C'e\UFB05 évident
quand on l'écrit comme ça.(0xFB05 est la ligature ST).

Thierry Bouche écrit :
> Quelques  notes en passant :
>  - PDF permet l'échange de documents qui ne
> contiennent pas les fontes (soit résidentes, soit en les substituant à l'aide des
> fontes multimaster génériques AdobeMMSerif/Sans) Adobe diffuse des
> pièces de shakespeare (originellement en Minion) comme ça,
> il manque évidemment tous les glyphes expert etc. Un codage plus large
> et normalisé permettrait de faire la même chose sans aucune perte du
> point de vue typo. (ici l'appauvrissement a eu lieu en amont, c'est
> tout le pb dont nous discutons).
PDF donne le choix d'envoyer les fontes où pas.  C'est un problème de
droit de copie, pas de typo. Je ne connais pas bien Minion, mais si on
regarde l'Avant Garde originale, il existe de nombreux glyphs qui
n'existent dans aucune police ancienne.  Que devrait-on faire si on
voulait envoyer un document composé en Avant Garde avec ses glyphs
originels ?

> - je suis très opposé à l'idée que la bonne typo s'ajuste
> _nécessairement_ à la main, n'oublions pas que la typo est une
> mécanisation de l'écriture, et qu'au temps de l'offset il est aussi
> facile de reproduire une écriture manuscrite qu'une page
> typographiée. J'aurais plutôt tendance à penser que chaque correction
> d'approche est la mise en évidence d'un défaut de la fonte utilisée,
> que chaque intervention manuelle pour qu'une page soit bien faite est
> la mise en évidence de limites d'un programme. Si on ouvre un livre
> imprimé par didot (comme les oeuvres de racine datant de la fin du
> 18°) on s'aperçoit qu'une police bien faite se tire très bien de la
> rigidité du plomb.
C'est plutôt le compositeur qui se tire bien de la rigidité du plomb,
je serai curieux de voir les galées, les ajustements sont généralement
intéressants.

Quand à la typo qui s'ajuste à la main ou non, c'est encore une
illusion d'informaticien que de penser que la machine saura faire
aussi bien que l'homme, sinon mieux, dans les affaires de goût et de
sens.  Qui ne retouche jamais un document TeX ?  Comment expliquer à
un logiciel les césures mal à propos, où les coupures de lignes
induisant un contresens ?  Autant je ne suis pas un défenseur du
WYSIWYG, autant je ne crois pas en un formatage totalement automatique
qui respecte le code typo, avec ses clauses sémantiques et
esthétiques.

  Jean-Daniel Fekete
  Ecole des Mines de Nantes
  La Chantrerie, 4 rue Alfred Kastler, 44070 Nantes Cedex 03, France
  Voice: +33-2-51-85-82-08 / Fax: +33-2-51-85-82-49
  E-mail: Jean-Daniel.Fekete@xxxxxx